A la rencontre du carreleur Frederik Hoste
Tu travailles de façon ‘indépendante’, dis-tu. Pourquoi est-ce si important pour toi?
Frederik: "Je travaille volontiers avec tout le monde et donc je ne me rattache pas à une seule marque ou société. Sinon, je serais limité par des obligations dans un sens ou dans l’autre. On m'a déjà demandé d'adhérer à une association professionnelle, non seulement comme membre, mais aussi pour faire partie du comité de direction. Je me suis senti honoré, mais j'ai tout de même décliné l’offre. Ne vous méprenez pas, je suis un partisan des associations professionnelles et de ce qu'elles peuvent apporter. Mais elles aussi ont des sponsors que vous devez mettre sous les projecteurs par gratitude et par obligation, même si vous trouvez personnellement une autre marque meilleure. Ce qui est difficile pour moi car je ne peux défendre que ce en quoi je crois moi-même."
"Je tiens donc à ma liberté dans les projets que je réalise ainsi que dans les matériaux avec lesquels je travaille. Et j'aime aussi travailler avec tout le monde parce qu'il y a quelque chose à apprendre de chacun. Pour reprendre les mots de Thor Heyerdahl: "Des frontières? Je n'en ai jamais vu aucune. Mais j'ai entendu dire qu'elles existent dans l'esprit de certaines personnes!".
Biographie de Frederik Hoste
- Né à: Tielt
- Études: Collège/VTI/L'école de la vie
- Loisirs: ma famille (durant le peu de temps dont je dispose)
- Musique: un bon disque de punk ou la mélancolie d’un Nick Cave ou Anthony & The Johnsons
- Destination de voyage préférée: le monde
- Plat/boisson préféré(e): La cuisine italienne accompagnée d’une Omer
- Aime: l'authenticité et la passion! Et #22 (pour les initiés)
- Déteste: les paroles en l'air et l'étroitesse d'esprit
- Devise: Ne te prends pas trop au sérieux ou ne fais pas l’important. Tu ne sauves pas des vies!
À mon avis, tu n’es donc pas du genre à acheter tous les produits auprès de la même marque?
Frederik: “En effet. J'ai déjà reçu diverses offres pour aller suivre une formation en Allemagne. J'ai demandé si je pourrais apprendre quelque chose d’autre pendant cette formation, mais ce n'était pas le cas. Alors, merci."
"Je me méfie également des personnes qui ne défendent qu'une seule marque, car je ne crois pas qu'une seule marque puisse être au top dans tous les produits. Wedi, par exemple, propose de superbes panneaux de construction, mais je pense qu'il y a mieux sur le marché pour ce qui concerne les gouttières. Pour chaque projet, je continue de chercher les meilleures solutions pour mon client, en fonction du projet et du budget disponible. De nombreuses marques recommandent évidemment tous leurs produits et composants car, sinon, elles ne veulent ou ne peuvent pas donner de garantie. Cette façon de faire peur ne fonctionne pas avec moi. Je suis actif depuis 23 ans et je n'ai jamais eu de problème en ne travaillant pas avec tous les produits d'une même marque. Du moins pas pour les travaux dont j'étais responsable. ”
Cela fait 23 ans que tu es dans le métier. Quel a été ton parcours?
Frederik: "Il a été plutôt atypique, je dirais, du moins vis-à-vis du monde extérieur. À l'âge de onze ans, je savais déjà que je deviendrais carreleur comme mon père. À l'âge de sept ans, je l’accompagnais déjà sur chantier et j’ai posé mes premières feuilles de mosaïque de verre à huit ans. Je voulais aller à l’institut technique VTI mais j'avais eu d'excellentes notes et mes parents voulaient que j'aille au collègue. Nous avons finalement trouvé un compromis, à savoir commencer par y faire les trois premières années. Ce que j’ai fait avec plus ou moins de succès. Ensuite, j'ai réalisé ma première piscine et j'étais convaincu que j’étais prêt pour cela. Mais ma décision d’aller travailler comme apprenti n'a de nouveau pas été accueillie positivement à la maison. Cela a débouché sur un mois d’enseignement à temps partiel à Roulers où je n'ai réellement rien appris. Et bien qu’il était désormais clair pour mes parents qu'ils ne pourraient plus empêcher leur enfant de réaliser son rêve de travailler dans le bâtiment, ils m'ont envoyé au VTI de Deinze où j'ai étudié la construction pendant les deux dernières années et demie".
Qu'y as-tu appris?
Frederik: "En ce qui concerne la pratique, pas énormément en fait; vu que j’arpentais déjà les chantiers depuis mon enfance. À cela s’ajoute le fait qu’il est très courant dans notre paysage scolaire que les formations professionnelles ne soient pas toujours up-to-date. Et cela vaut pour l’enseignement secondaire tant général que technique et professionnel. Comme les enseignants ne sont plus sur le terrain au quotidien, ils perdent le contact avec la pratique. Les produits et les techniques évoluent et ces évolutions se succèdent sur un rythme effréné. Si vous ne les suivez pas, il est donc difficile d'enseigner quelque chose aux élèves et de les préparer au marché de l’emploi. Attention, cela n’est pas toujours lié aux enseignants proprement dits. Il y a souvent aussi un manque de budget et de temps, tandis que les objectifs finaux dépassés jouent également un rôle. Mais il y a bel et bien des professeurs que je n’oublierai jamais, comme ceux de topographie et d'étude du béton. Ils ont vu que j'avais déjà certaines connaissances préalables et que j'avais besoin d'être mis au défi, de telle sorte qu’ils me confiaient parfois d'autres missions. Un bon encadrement est essentiel. Surtout pour un élève modèle comme moi (rires).".
Alors que certains problèmes puissent paraître difficiles à résoudre pour d’autres, la solution semble tellement évidente pour toi. Quelle est ta formule?
Frederik: "La logique, tout simplement. Ce n'est pas sorcier. Le pose de carrelage relève de la logique, mais il faut avoir envie de réfléchir. C'est ce que j'aime faire. J'ai toujours été précoce, tant au niveau de la puberté que pour imaginer des solutions créatives (rires). J'ai appris la plupart des choses par moi-même et en regardant les autres. En ne me limitant pas à mon secteur. Je regarde ainsi ce qui se passe dans le secteur du meuble et du métal, mais même l'art constitue pour moi une source d'inspiration. J'ai été l'un des premiers à travailler avec des plaques XXL alors qu'il n'y avait pas encore de bras de support. Eh bien, j'en ai développé un moi-même en réfléchissant de façon logique."
"C'est ce que je conseille aux jeunes: demandez conseil à des spécialistes et à des collègues et utilisez ceux-ci pour développer vos propres méthodes. Il faut toujours rechercher soi-même les possibilités et ne pas se laisser enfermer dans une méthode prémâchée. Je pense qu’on nous materne trop quand on est enfant. Pourquoi colorier un arbre avec un tronc brun et des feuilles vertes si vous préférez le bleu et le rouge? Osez sortir des sentiers battus et repoussez vos limites".
Appliques-tu aussi cela toi-même de manière cohérente dans tes propres projets?
Frederik: "Oui, absolument. Pour un projet de construction exclusif dans les Ardennes flamandes, par exemple, un fabricant avait réalisé un caniveau de douche doté d'une certaine finition qu'ils voulaient montrer, mais je l’ai installé encastré. Résultat: on ne voit rien du caniveau mais la douche présente une finition parfaite dans un cocon étanche."
"Dans ce projet à l’architecture poussée, les quatre salles de bains ont été entièrement parachevées avec une magnifique mosaïque. Tout devait être installé sur des mosaïques entières et tous les interrupteurs étaient prédéterminés sur un nombre fixe de mosaïques. Tous les robinets devaient être parfaitement positionnés à l'axe du joint. J’ai utilisé des receveurs de douche massifs en pierre naturelle d'une épaisseur de 8 cm qui ont été installés par Eggermont. Il s’agissait de les faire correspondre parfaitement et de les mesurer très précisément. De plus, ces receveurs en pierre naturelle n'étaient pas complètement réguliers et, pourtant, les mosaïques entières devaient s'y adapter parfaitement."
Comment fais-tu en sorte que tout corresponde?
Frederik: "Les mosaïques de 1,5 sur 1,5 cm ne permettent aucune marge ni jeu. Sur le côté de la pierre naturelle a été collé une lèvre en acier inoxydable pour le crochet du caniveau, à laquelle j'ai relié mon panneau de construction. J'ai également déterminé où la pierre naturelle devait venir s’intégrer. Ensuite, tout a été revêtu de panneaux, dans lesquels j’ai fraisé les emplacements des robinets en partie inférieure. Vu que ces panneaux sont disponibles en 4 mm à 8 cm, vous pouvez tout ajuster joliment et vous déterminez vous-même la quantité nécessaire pour parvenir à des mosaïques entières. Ensuite, j'ai tout masqué et j'ai dessiné entièrement et méticuleusement les mosaïques afin que tout corresponde avec les tuyaux existants. Tout comme j'ai déterminé le dimensionnement et la position des niches et des lavabos en pierre naturelle, car ils doivent également correspondre aux joints, tant en partie inférieure qu’en face frontale. Même pour l'électricien et le plombier, j'ai tout dessiné."
L’étanchéité constitue évidemment un sujet brûlant dans les salles de bains. Comment as-tu réalisé ce cocon étanche?
Frederik: "C'est exactement pour cela que j'ai travaillé avec des panneaux qui ont été les premiers à être étanches en soi. Il n'est donc plus nécessaire de les recouvrir d'une membrane, ce qui évite les risques de chevauchement et de différence de niveau. Ce qui est pratique, surtout lorsque vous travaillez avec des mosaïques. De plus, ils ont une dimension de 1,20 m, ce qui permet de travailler rapidement dans les douches et sans raccords."
"Il suffit d’étaler tout simplement votre colle sur ce panneau, puis de peigner celle-ci correctement et, enfin, de poser vos mosaïques. J'ai utilisé ici une colle qui permet un glissement vertical supérieur. Les mosaïques se présentent sur des feuilles de 30 x 30 cm, mais évidemment, cela ne doit pas se voir. Ce que je ne fais pas, c’est les poser en quinconce. Elles sont joliment et parfaitement superposés. Pour vérifier, j'utilise le papier placé sur la face avant des carreaux. Une fois que la colle a suffisamment séché, vous rincez celui-ci comme pour le papier peint et retirez le papier. Ce qui permet d’obtenir un bel ensemble. Avec moi, vous ne verrez pas par après où se situent les feuilles. N'attendez pas trop longtemps pour retirer le papier, sinon vous ne pourrez pas plus procéder aux ajustements et vous pourrez par contre peut-être encore distinguer l’emplacement des feuilles."
"Une telle qualité de carreaux n'est plus proposée avec un filet au dos, afin de garantir une meilleure adhérence. Les filets créent en effet des microcanaux d'eau et sont exclus, surtout dans les piscines et les hammams."
Quid des joints ?
Frederik: "Afin de déterminer la bonne couleur, nous avons d'abord testé huit échantillons. Tornado créait un joli crépuscule sous l’effet de la lumière du soleil, à l’instar des carreaux proprement dits, et a recueilli la préférence de tous, tant de l’architecte que du maître d’ouvrage.”
C’est clair: tu t’es bien amusé avec ce projet
Frederik: "Oui, et vous savez pourquoi? Dans ces projets aux budgets plus importants, vous avez la possibilité d'aller plus loin. De plus, vous collaborez avec des gens tout aussi passionnés, qui travaillent tous ensemble pour obtenir le meilleur résultat. Un caniveau à 1400 € encastré dans le mur et que vous ne voyez pas, beaucoup crieraient au fou. Mais j'ai pu démontrer que c’était ici la meilleure et la plus belle solution, et heureusement, ils m'ont suivi."
"Il en va de même pour les profilés de douche que j'ai entièrement intégrés dans le mur car je déteste les profilés. Ici, un profilé aurait constitué un élément perturbateur au niveau visuel. Pour garantir une finition parfaite de ce profilé, je l'ai pulvérisé en noir là où le verre s'intègre dans celui-ci, créant ainsi une ombre de telle sorte que toute l'attention se porte sur la belle mosaïque."
"J'ai également carrelé le hammam et contribué à l’aménagement intérieur avec une armoire en acier massif laqué noir qui a été associée à des carreaux de lave exclusifs faits-main. Afin de pouvoir les fabriquer parfaitement sur mesure de manière à de nouveau utiliser uniquement des carreaux entiers, j'ai donné les mesures à l'avance. J'ai besoin de ces projets stimulants, ainsi que des missions pratiquement impossibles que refusent de nombreux autres. C'est comme si cela déclenchait quelque chose en moi et je sens alors monter l'adrénaline."
Peux-tu nous en ébaucher un exemple récent?
Frederik: "Je travaille actuellement sur une sorte d'escalier Nautilus en terrazzo. Celui-ci a été coulé en béton sur place et le client voulait que le sol en terrazzo coulé se prolonge dans l’escalier. Tout sauf évident, et j'ai longuement réfléchi à la manière dont nous pourrions y parvenir, car on ne peut pas se contenter de le couler simplement parce qu'il ne sera dans ce cas pas possible de le poncer correctement. De plus, vous vous retrouvez avec plusieurs cercles de rotation et vous ne pouvez pas prendre les mesures de façon numérique parce que les murs de l'escalier ne sont pas d'aplomb."
"Finalement, j'ai dessiné l'escalier complet et j'ai d'abord réalisé une maquette en MDF. Sur mesure marche après marche, en ajustant et réajustant, en tenant compte de la ligne de foulée au centre et qui devait être exactement identique pour chaque marche. Je l’ai fait tester par le maître d’ouvrage pour obtenir son feu vert. Sur base de cela, nous pouvons découper toutes ces marches en L sur mesure - et donc sans contremarche - à partir de blocs de terrazzo précoulés."
"Sur les murs, il n'y a qu'un espace technique de 4 mm d'épaisseur. Permettant ainsi de poser les marches sans plinthe. Ce fut une prouesse, mais je me suis beaucoup amusé. Il va sans dire que les possibilités qui en résultent intéressent fortement les architectes. A l'inverse, je pense qu’il est naturellement formidable de pouvoir réaliser des projets pour de grands architectes comme Vincent Van Duysen, Robbrecht et Daem, le Studio Daskal Laperre ou Glenn Sestig."
Poser du carrelage ordinaire au mètre courant n'est donc clairement pas pour toi?
Frederik: "Je ne peux pas vous dire quand j'ai fait cela pour la dernière fois. Ces dernières années, j'ai presque toujours travaillé sur des projets exclusifs et spéciaux. Un concours de circonstances a conduit à cette situation. Ce n'est pas que je fasse de la publicité ou quoi que ce soit, je pense que mon site web est ‘en construction’ depuis cinq ans. Mais je suis quelqu'un qui doit être capable de faire différentes choses. Pour moi, pas question de spécialisation donc, parce que cela vous fait développer des œillères et je recherche précisément le contraire. La menuiserie, par exemple, est un loisir. Mon parc de machines vous le confirmera. À l’instar d’un menuisier ordinaire, je dispose de scies à tronçonner en hauteur, de scies circulaires et de scies plongeantes."
"De plus en plus de carreleurs en disposent pour pouvoir découper les panneaux de construction. Attention, j’ai naturellement déjà posé des carreaux ordinaires. Avec mon père, j'ai, à un moment donné, employé huit personnes. À l'époque, nous ne réalisions que des grands projets, comme des immeubles à appartements à la côte. Mais ce n'était plus pour moi."
"Il me faut toujours pouvoir élargir mon horizon. Je me suis ainsi perfectionné dans le terrazzo et les sols en béton poli, parce que je veux pouvoir faire moi-même tout ce qui m'intéresse. Je vais vous donner un exemple de projet de terrazzo pour lequel je collabore avec Hofman Polijstwerken. J’ai fait leur connaissance il y a trois ans. Leur beau-fils est un ingénieur du béton et j'ai beaucoup appris de lui. Tout comme le béton, le terrazzo est coulé aussi plat que possible, les granulats devenant ainsi visibles. On peut jouer avec ces granulats, mais nous avons eu l'idée de faire du terrazzo sur mesure en le coulant préalablement dans des moules et en sciant ensuite ces blocs sur mesure. Comme cela se fait avec la pierre naturelle. Le terrazzo n'est pas nouveau non plus, il existait déjà à l'époque des Romains qui réalisaient des sols bon marché avec des chutes de marbre. Maintenant, c'est branché et coûteux."
Tu as ta propre méthode pour tout. Qu'en est-il du sciage en onglet?
Frederik: "Je vous donnerai la même réponse que celle que je donne à mes étudiants: le résultat final est sacré. Mais pour savoir comment atteindre celui-ci, je m’en remets à vous et à votre imagination. Bien sûr, il s'agit d'une combinaison de sciage au plus près et de ponçage. Mais qu’il faille travailler avec une machine Flex, Bosch ou DeWalt, je ne vous le dirai pas. Il n'y a plus de mauvaises marques, mais bien de mauvaises applications. Cherchez donc votre propre méthode qui fonctionne."
"Une fois, j'ai dû rénover une baignoire encastrée en terrazzo à finitions arrondies. Les plateaux de ponçage présentent généralement un diamètre de 115, mais il existe aussi des plateaux en caoutchouc d'un diamètre de 80 qui se plient lorsqu'on appuie sur ceux-ci. Ils permettent par contre de poncer les arrondis. Cela s’apprend en regardant autour de soi et en procédant à des essais."
"En parlant d’onglets, Murielle Scherre de La fille d'O est une bonne amie et j'ai réalisé pour elle un meuble spécial en panneau miroir. Miroir sur miroir de tous les côtés et totalement en onglet pour former un ensemble sans raccords. Sciés avec une Festool et collés les uns aux autres.
"Je ne vais pas continuer à faire ce que je fais maintenant, la vie est courte pour cela. Mais je resterai actif dans la construction, j’ai cela dans le sang."
Et ton penchant pour l'art?
Frederik: "J’ai malheureusement peu de temps pour celui-ci. Heureusement, j'y suis de temps en temps confronté de par ma profession. J’ai par exemple travaillé au Musée De Reede à Anvers. Un projet incroyable, entièrement financé par l'un des plus grands collectionneurs d'art des Pays-Bas. Avec des œuvres d'Edvard Munch, Francisco Goya et Félicien Rops. Je peux passer des heures à regarder Alpha et Omega de Munch, une œuvre phénoménale."
"Pour l'exposition de Murielle, j'ai également fabriqué des armoires avec cintres intégrés. J’ai aussi travaillé pour les artistes Mark Manders et Luc Tuymans. Le stand que j'ai développé pour le négociant de carrelage Tegels Depaepe au salon Interieur 2018 constitue un autre exemple récent de l'influence de l'art sur mon travail. Pour celui-ci, je me suis inspiré d'une œuvre d'art que j'avais vue au Studio Drift. Il s’agissait d’un bloc de béton flottant, baptisé Drifter. Boris voulait quelque chose avec des plaques céramiques en imitation de pierre naturelle. J’en ai dès lors fait un méga bloc que nous avons suspendu à quatre chaînes. Boris m'a demandé si nous n'avions pas besoin d'un plan B. Bien sûr que non, lui ai-je répondu. Les gens restaient bouche-bée à la vue de ce bloc de pierre naturelle à première vue massif, mesurant 1,25 x 1,25 x 3 m.”
Tu donnes également divers ateliers via lesquels tu partages beaucoup de connaissances. Pourquoi?
Frederik: "Oui, pourquoi? Beaucoup me disent que je suis fou car je forme ainsi mes concurrents, mais j’entrevois cela différemment. Je n'ai pas de concurrents, seulement des collègues. Si nous voulons maintenir ou améliorer notre niveau en Belgique, nous avons besoin de personnes qui forment correctement les autres. Je vois comment ils travaillent déjà exactement de la même manière que nous dans des pays comme la Roumanie et le Mexique. Le niveau y a énormément augmenté, les connaissances doivent donc continuer à circuler."
"Je donne des formations pour diverses entreprises, des négociants en carrelage et des vendeurs de machines. Si quelqu'un vient me voir par la suite et me dit qu'il a appris davantage sur ces deux jours qu'au cours des cinq dernières années, alors je suis content. J'essaie d'être pour eux le mentor que j'aurais aimé avoir à cet âge. Il y a un conseil que je veux assurément leur donner: des mesures correctes sont essentielles. Elles sont la base de tout, projets réussis comme ratés. Par conséquent, travaillez toujours avec un axe X et un axe Y pour déterminer vos angles car les murs sont rarement 100% droits. Si tout le monde utilise le même point de référence, vous n'aurez jamais de problèmes. Et demandez à l'architecte et au maître d’ouvrage pour être impliqué tôt dans le processus de construction. Vous serez ainsi au courant de tous les travaux effectués par vos collègues. Je tiens également compte de leur travail dans mes mesures. Lorsque je trace toutes les lignes pour moi-même après la chape, je fais aussi des marquages pour eux, en tenant compte des techniques et du plafonnage afin que tout colle parfaitement. ”
Outre partager tes connaissances, fais-tu aussi du développement de produits?
Frederik: "Ce n'est pas mon ambition, mais cela m’arrive parfois, de manière inattendue. J'ai ainsi collaboré à une nouvelle gamme de produits des colles. Ils m'ont demandé de tester les colles et de leur donner mon feedback. Le fait qu'ils travaillent ensuite avec leurs ingénieurs pour améliorer leurs produits sur base de vos conseils signifie tout de même qu'ils vous apprécient."
"J'ai été très honoré lorsque j'ai récemment eu l'occasion de visiter un fabricant des coupe-carreaux en Italie. Ils pensaient que je voulais faire une visite ordinaire de leur usine, mais bien vite, j'étais dans le local d’essai à tester toutes sortes de choses parce que j'avais une idée pour les plaques céramiques grands formats. Ils ont même fait venir le directeur avec qui je pouvais communiquer en français. Je n'oublierai jamais comment il m'a interrompu pour s’emparer d’un bloc de feuilles et prendre des notes qu'il a ensuite remises à ses ingénieurs. Ils étudient actuellement s'ils peuvent fabriquer, transporter et commercialiser ces produits. Peut-être devrais-je envisager de demander une commission pour mes conseils, non (rires)?"
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