"La céramique ouvre de nouveaux segments d'utilisation qui étaient inimaginables jusqu'à récemment"
Dites-nous Michele, qu'est-ce qui vous a poussé à entrer dans l'industrie de la céramique ?
"En fait, j'ai étudié les sciences politiques et, après mes études, j'avais l'intention d'aller travailler à l'étranger. J'ai envoyé de nombreuses lettres de candidature à des entreprises, notamment dans le secteur de la céramique de ma région. Ils étaient intéressés par mon profil parce que j'avais étudié à Bruxelles et que j'étais prêt à m'expatrier pour travailler pour eux. Ma passion pour la céramique n'a cessé de croître. Depuis 2016, je suis Area Manager Benelux pour la marque Ariostea et, avec l'arrivée de Corona, le groupe m'a demandé d'être le responsable des marques Fiandre (BeLux) et Sapienstone (BeNeLux). Le groupe est spécialisé dans les dalles céramiques de grand format et pleine-masse. Mais tu sais ce qu'on dit là d'où je viens ? Une fois que l'on tombe amoureux de la céramique, on ne la quitte plus.
Peut-on en dire autant du Belge moyen ? Quelle est l'importance de la céramique dans notre pays ?
La Belgique est le quatrième marché pour les exportations italiennes de céramique, après les États-Unis, l'Allemagne et la France. C’est donc un pays très important. La raison n'est pas à chercher bien loin. La Belgique est située à la frontière entre le monde germanique et le monde latin. La consommation de céramique par habitant est comparable à celle des pays méditerranéens et bien supérieure à celle des pays scandinaves, par exemple, où le bois joue un rôle important. Pour le Belge, l'utilisation de la céramique couvre un large éventail d'applications, tant résidentielles qu'architecturales. Il s'agit d'un marché qui regarde au segment du luxe, en termes de goût et d'accessibilité.
Quel est le plus grand défi pour les fabricants de céramique aujourd'hui ?
"Sans aucun doute le prix du gaz. L'industrie de la céramique est une industrie à forte consommation d'énergie. Nos fours fonctionnent à des températures de 1200°C à 1300°C et nécessitent donc beaucoup de gaz. Cependant, depuis sa création en 1961, notre entreprise a toujours démontré par ses actions qu'elle est particulièrement axée sur l'innovation durable, le développement et la mise en œuvre des meilleures pratiques dans le processus de production. Un parcours d'éco-innovation qui compte également parmi ses jalons la réalisation de l'usine d'hydrogène vert qui entrera en service à la fin de cette l'année. Un projet qui trouve son origine bien avant la guerre en Ukraine et la crise du gaz.
L'innovation est sans aucun doute une valeur importante pour Iris Ceramica Group. Pouvez-vous nous en dire plus sur Active Surfaces et Hypertouch ?
"Avec Active Surfaces®, nous avons lancé des dalles céramiques caractérisées par une action antibactérienne et antivirale, certifiées selon les normes ISO. Ces matériaux, que nous avons commencé à développer il y a douze ans en collaboration avec l'université de Milan, sont capables d'aller encore plus loin que les normes. Nous les avons même testés contre le virus SARS-COV-2 avec une efficacité de 94 % en seulement quatre heures d'exposition à la lumière. La technologie Hypertouch a été développée par notre département R&D. Il s'agit d'une surface capacitive (d'une épaisseur maximale de 12 mm) qui permet d'actionner tout type de dispositif domotique par un simple toucher ou glissement. Il s'agit d'une solution conçue pour les maisons intelligentes et qui peut être utilisée, par exemple, pour gérer les stores, les systèmes d'alarme, l'éclairage, etc.
L'Italie, berceau de votre entreprise, est également célèbre pour ses pierres naturelles. N'y a-t-il pas une éternelle compétition avec les céramiques ?
Aujourd'hui, le concept d'imitation est négatif ; il est préférable d'exprimer l'idée différemment. La céramique est choisie pour ses caractéristiques techniques en tant que matériau de haute performance avec un fort impact esthétique. C'est pourquoi nous développons toujours de nouvelles solutions dans lesquelles la céramique est la protagoniste. Nous ouvrons de nouveaux segments d'utilisation qui étaient inimaginables jusqu'à récemment. La céramique est un matériau naturel, fabriqué à partir d'excellentes matières premières et doté d'une grande histoire. C'est pourquoi je pense que son identité ne doit pas être ressentie comme une "concurrence" avec la pierre naturelle.
Comment abordez-vous les architectes pour leur faire connaître vos produits ?
"Nous disposons d'un vaste réseau de promotion internationale et, grâce au soutien de notre département marketing, nous étudions des projets sur mesure dédiés au monde de l'architecture et de la prescription. Nous avons des références dans le monde entier développées avec des cabinets d'architectes.
Quelle est la tendance en matière de céramique ?
"En Belgique, on constate que les tons chauds et neutres sont les plus populaires. Les palettes allant du gris au taupe, le ton sur ton transférant un sentiment d'élégance et de chaleur sont certainement les plus recherchées par le marché."
En tant que responsable des ventes, vous traitez exclusivement avec les grossistes. Pensez-vous que les grossistes finiront par disparaître à cause de la révolution numérique ?
Lorsque j'ai commencé, il y a 12 ans, on parlait déjà de la disparition des grossistes. Eh bien, tous ceux qui étaient là à l'époque sont toujours là aujourd'hui et sont performants ! Le secteur de la céramique a une dynamique propre, c'est pourquoi il ne souffre pas, contrairement à d'autres secteurs, de la frénésie d'Internet, même si le changement et la vitesse avec laquelle la technologie redessine le paradigme de notre monde contemporain sont des aspects que nous gardons à l'esprit et qui nous amènent à avoir une vision clairvoyante. En outre, il y a l'aspect émotionnel. Notre industrie est un monde de sensations et d'émotions esthétiques, où les clients veulent voir et toucher à l'avance les matériaux qu'ils choisissent. Le choix final sera une décision du cœur et de l'esprit".