À mes cours participent des gens venus du monde entier. C'est un fameux défi. Il peut s'agir d'enseignants, d'ingénieurs ou de personnes qui travaillaient déjà dans le bâtiment dans leur pays d'origine, mais d'une manière différente.
Deux obstacles majeurs se dressent face à eux sur le marché de l’emploi, à savoir la communication et le fait que la plupart d'entre eux n'ont pas de permis de conduire. Nous réagissons à ce double handicap. J’ai quelqu'un dans l'atelier qui apporte un soutien linguistique. En Flandre, nous parlons naturellement aussi de nombreux dialectes. Ce que j’essaie également de leur transmettre. Ayant travaillé dans tout le pays, je connais donc quelques mots locaux. Pour ne citer qu’un exemple, il existe de nombreuses variantes du mot ‘brouette’ dans les différents dialectes. Il existe désormais aussi une application, FACT, qui fournit une assistance linguistique dans différentes langues pour traduire les termes techniques et qui renferme un grand potentiel pour aider nos élèves. Ils peuvent l'emporter sur chantier, et ainsi assurément réduire la distance l’entrepreneur et l’élève.
En outre, nous communiquons, surtout au début, de toutes les manières possibles, avec des gestes et des vidéos: un fameux défi, mais un défi également très passionnant. Au cours des premières semaines, nous essayons d'évaluer les élèves. Quel est leur niveau et de quelle expérience disposent-ils? Ensuite, nous commençons par nos exercices de base. On remarque aussi immédiatement à quel point ils sont motivés. J'ai également travaillé dans l'enseignement secondaire, où les élèves sont généralement moins réceptifs. Alors que nos néo-Belges viennent vraiment ici pour bâtir quelque chose. Ils sont extrêmement motivés.
Le secteur de la construction est confronté à une pénurie de main-d'œuvre. On pourrait dire qu'il faudrait proposer davantage de formations techniques, mais selon moi, il faut en fait se concentrer surtout sur la langue et le permis de conduire, c'est là que se situent les problèmes. Lorsque nos élèves partent en stage, j’insiste également auprès des employeurs afin qu’ils fassent attention à ces points. Les stages durent 15 jours, ce qui leur permet de voir si cela collera ou non avec notre élève. Je leur demande également toujours de faire preuve de patience avec eux.
Ils pourront ensuite recourir à la Formation Professionnelle Individuelle en Entreprise (FPIE), qui s’avère tout de même financièrement intéressante pour l’employeur. Je remarque également que les entrepreneurs sont de plus en plus ouverts à travailler avec ce groupe cible, et cela s’explique principalement par la motivation de nos élèves. Sur tous les participants qui viennent suivre une formation chez nous, 75% finissent par trouver un emploi. Ce qui est vraiment très gratifiant.