"Il est devenu pratiquement impossible d'attirer des carreleurs belges"
Dans le métier depuis plus de 20 ans, Joachim Verhanneman possède sa propre entreprise et son showroom à Bruges depuis 2011. Celle-ci livre et pose des revêtements de sol, des carrelages muraux et des terrasses, en céramique et en pierre naturelle.
«Depuis la suppression du numéro d'agrément, un coiffeur peut pour ainsi dire s'autoproclamer carreleur du jour au lendemain, sans la moindre formation. C'est hallucinant quand on voit tout ce qu'implique la pose d'un carrelage.»
«Et le fait qu'en Belgique les grands projets sont principalement attribués sur la base du prix n'aide pas non plus. J'ai récemment rencontré un client qui n’était absolument pas content d'un entrepreneur. Mais pour son projet suivant, il a de nouveau choisi ce carreleur meilleur marché. On peut donc comprendre qu'une telle personne fera peu d'efforts pour suivre des formations complémentaires et apprendre à mieux connaître, vu que le prix constituera tout de même la principale considération. Parce que leur prix est si bas, ces gens travaillent beaucoup trop vite afin de générer du volume. Quelle différence avec des pays comme l'Italie et l'Autriche, mais aussi avec nos pays voisins où l'on consacre beaucoup plus d'efforts à la formation en mettant l'accent sur la qualité. Je remarque que la fierté du métier y est également beaucoup plus élevée.»
«Pour moi, il faut donc attaquer le problème à la base. Parce que j'ai entendu dire que, dans le secondaire, les carreleurs et les plafonneurs se retrouvent souvent dans la même option. Ils peuvent certes suivre une année de spécialisation par après, mais c'est trop limité quand je vois tout ce dont nous devons tenir compte: les supports, les formats des carreaux, les techniques de collage, etc.»
«Les autorités doivent faire en sorte que les élèves qui choisissent d'apprendre le métier aient la possibilité de vraiment apprendre celui-ci correctement et ainsi devenir des spécialistes. On constate que la plupart des bons carreleurs ont été formés dans une entreprise ou chez un autre bon carreleur. Ils auraient en fait déjà du acquérir à l’école 30 à 40% des connaissances professionnelles qu'ils acquièrent sur chantier. Attention, il est normal que les jeunes qui sortent de l'école ne sachent pas encore tout. J'étais également ignare lorsque je suis sorti de l'école.»
«Les autorités devraient aussi encourager davantage la formation professionnelle. Parce que c'est aussi un peu notre faute, en tant que société. Tout le monde veut que ses enfants aillent dans l’enseignement secondaire général. Une revalorisation des travailleurs dans la construction nous aiderait. Il faut motiver les gens et les encadrer afin qu’ils deviennent carreleurs. Il faut organiser des workshops dans l'enseignement professionnel. Ou donner la parole à quelqu'un du métier. Montrer des photos de beaux projets.»
«Parce que je n’arrive plus à pourvoir mes postes vacants. Avant, je préférais travailler avec des Belges, mais je n’en trouve plus. De telle sorte que, par nécessité, je fais maintenant aussi appel à des travailleurs étrangers. J'ai découvert des gens qui travaillent dur, dotés de nombreuses connaissances professionnelles. Ils travaillent très bien, c'est donc positif.»
«Mais les entrepreneurs étrangers ne constituent pas une solution à long terme. On commence déjà à remarquer que les travailleurs polonais ne reviennent pas toujours en Belgique parce que les grandes villes polonaises sont parfois plus avancées que chez nous. La technique de construction y progresse.»
«Nous avons donc vraiment besoin de plus d'intelligence dans notre secteur. Sinon, je crains pour l'avenir et ce sera un désastre.»
Lire cet article gratuitement ?
Il suffit de créer un compte gratuitement.
-
Lire quelques Plus articles gratuits chaque mois
-
Choisissez vous-même les articles que vous souhaitez lire
-
Restez informé via notre newsletter