TruStone et le parcours sinueux vers un secteur de la pierre naturelle éthique
L'initiative TruStone se fait progressivement connaître dans le monde de la pierre naturelle, mais on n’en parle pas encore facilement. Cette association, fondée en 2019, n'en est qu'à ses débuts. En outre, de nombreux tailleurs indépendants et PME ont d’autres chats à fouetter plutôt qu’analyser le caractère éthique des méthodes de travail de leurs fournisseurs et fabricants. Ainsi, elle disparaît sous les radars. Parce qu’assurer la transparence d’une chaîne est fastidieux.
D'un autre côté, la mentalité est en train de changer. Goodwill et business vont de préférence de pair. Dans le sillage des secteurs de la pêche et du bois, l'importance d'une initiative en matière de durabilité gagne donc également du terrain au niveau de la transformation de la pierre naturelle. De nombreuses villes et communes ont déjà adhéré à TruStone et l'incluent comme exigence dans leurs cahiers des charges.
Sortir du brouillard
TruStone tire ses racines des débats antérieurs relatifs à l'extraction douteuse de la pierre naturelle. À l'époque, le secteur préférait une approche axée sur les solutions plutôt qu'une guerre d'arguments. "Nous ne voulions pas rester attentistes, nous voulions entreprendre quelque chose", explique Isabel. "C’est de là qu’a grandi l’initiative TruStone. Il s'agit d'une collaboration entre des entreprises de pierre naturelle, des ONG et les autorités, basée sur un accord relatif à l'achat et à la production responsables de pierres naturelles."
L'objectif consiste à sortir l'origine et les conditions de transformation de cette pierre naturelle du brouillard de l'exploitation et de l'insécurité. TruStone souhaite une meilleure transparence et connaissance de l'origine des pierres dans les zones à risque. Comme l’Inde, par exemple. La Chine est le plus gros exportateur de granit, qui est de loin la variété de pierre la plus utilisée dans le Benelux, mais ses carrières n’ont pas toujours bonne presse en raison de leurs conditions de travail. "En tant qu'association, il importe de ne pas jouer au gendarme. Vous voulez avant tout aider ces producteurs locaux, afin que cela finisse par profiter à tout le monde."
Certitude sur l'origine
Pour les entreprises affiliées, TruStone représente la responsabilité de savoir exactement d'où vient leur produit. Et comment il est fabriqué. En tant que membre de TruStone, vous ne vous engagez pas simplement en donnant de l'argent; il y a une sélection, ou une diligence raisonnable, en retour.
L'une des questions clés a déjà été mentionnée. Un petit transformateur peut-il et veut-il s'occuper d'un problème sur lequel il pourra difficilement agir lui-même? "Pour lui, la charge de travail est acceptable. Les importateurs de pierres naturelles doivent consentir un effort plus important. Ils doivent consacrer des personnes et des moyens à vérifier leurs fournisseurs, et ils doivent assurer un suivi local (l'objectif consiste à atteindre une vision globale de la chaîne à 56%, ndlr.). Il est vrai que la plupart des transformateurs indépendants sont loin d'être des multinationales. Mais en tant que membres, ils paient environ 400 euros par an et obtiennent en contrepartie des certitudes sur l'origine de leurs matériaux. Cette adhésion constitue vraiment un outil de marketing d'actualité, je n’insisterai jamais assez sur ce point. Nous constatons que, chaque jour, les acheteurs accordent de plus en plus d'importance à l'origine des matériaux et des produits qu'ils choisissent." Le Conseil Économique et Social (CES) comprend d’ailleurs ce manque de temps et l'urgence. En cas de besoin, les entreprises peuvent frapper à sa porte pour obtenir un soutien.
D’ailleurs, les acheteurs ne sont pas seulement des particuliers. Les groupes d'intérêt comme les architectes et les autorités, telles que les communes, qui apprennent à connaître TruStone, en font de plus en plus une condition. Selon les prévisions, cela ne devrait qu’augmenter à l'avenir.
Aucune mention du travail des enfants
Quoi qu’il en soit, une initiative comme TruStone doit gagner sa crédibilité, et cela nécessite davantage qu'un beau logo. "Avoir un représentant sur place s’avère particulièrement nécessaire. Celui-ci doit faire plus que surveiller, il doit aussi exercer une influence." À cet effet, TruStone compte sur ses partenaires, les ONG ayant des antennes locales, mais aussi sur les entreprises affiliées qui rendent compte elles-mêmes des risques. En tout anonymat, via une application spéciale sur le web.
Le premier rapport annuel montre qu'environ la moitié des membres a adressé une notification, principalement liée à la santé et la sécurité. Viennent ensuite des rapports faisant état d'abus tels que des salaires de misère et du travail forcé. Aucune des entreprises n'a identifié de travail des enfants dans sa chaîne. Mais cela ne l'exclut pas automatiquement. Sous la pression du temps, les fournisseurs se tournent parfois vers des producteurs tiers, sans que l'importateur ne le sache.
Isabel reconnaît que les différences culturelles font partie du problème. "J'ai moi-même rendu visite à un producteur indien qui, au cours du déjeuner, m’a certifié qu'il n'y avait aucune irrégularité sur son site de production. Le lendemain, nous avons visité celui-ci et avons été surpris de ne pas voir un seul travailleur porter des équipements de protection individuelle." Cela montre clairement que l'idée d'un lieu de travail sûr n'est pas la même dans tous les pays.
Excuse facile
Le chemin vers une chaîne de la pierre naturelle responsable est parsemé de rochers et de nids de poule. Et cela compte aussi pour recruter de membres. Le rapport annuel montre que l'association n'a enregistré que la moitié du nombre de membres escomptés. Un revers? "Écoutez, le coronavirus est une excuse facile. Qui ne l’a pas utilisée? Mais les confinements ont fait que nous n'avons pas pu nous montrer sur les salons professionnels, que nos campagnes de notoriété ont été mises en suspens et que les entreprises ont refusé de participer par incertitude. Cela nous a joué des tours. C'est le début. Et tous les débuts sont difficiles."
Isabel a également affiché sa principale ambition pour la deuxième année de TruStone: stimuler davantage le recrutement de membres afin de ne plus dépendre de subsides des autorités. Pour sa troisième année, l'association voudra se concentrer sur la transparence complète de la chaîne de la pierre naturelle.
Tous les membres affiliés sont positifs quant au démarrage. Le fabricant néerlandais de plans de travail Arte, une des entreprises phares de TruStone, souligne que les entreprises participantes comprennent mieux le problème de l’origine des produits. Le groupe note également que, grâce à cette initiative, il peut contribuer activement à l'amélioration des conditions de travail.
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