Wim Verkinderen 2.0: “Le lion est lâché, l'aigle s'est envolé”
Une discussion inspirante avec un homme de chair, de sang, de sueur et de larmes qui, après quelques dures leçons de vie, a fait un pas de côté et s'est réinventé. À la découverte de Wim Verkinderen 2.0., plus que jamais 'en super forme'.
Lors d’une interview il y a quelques années, vous nous aviez présenté votre expertise en tant que carreleur respecté. Mais pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore: qui est Wim Verkinderen?
Wim: "Je suis carreleur indépendant depuis 2006, et papa de quatre enfants. L'un de mes fils travaille maintenant dans mon entreprise. En raison de mon haut degré de perfectionnisme, l’entreprise de carrelage Tegelwerken Verkinderen est devenue une entreprise de sur-mesure principalement active dans le segment supérieur. Nos chantiers se situent principalement en Flandre occidentale et orientale. Travailler pour le segment supérieur signifie également avoir des clients très exigeants. Souvent des hommes d'affaires ayant accompli beaucoup de choses dans leur vie. J'ai toujours trouvé ces personnes très inspirantes parce qu'elles m'ont aidé à placer la barre toujours plus haut.
Mes collègues carreleurs me connaissent surtout comme un travailleur acharné et quelqu'un qui aime partager ses connaissances et son expérience avec les autres. J'ai toujours aimé inspirer les gens et transmettre mes connaissances professionnelles en donnant cours. C'est pourquoi j'ai également été cofondateur de BITA, l'Académie belge du carrelage."
Quelle a été votre devise dans la vie jusqu'à présent?
Wim: "Je pourrais décrire ma vie passée – parce que c'est comme ça que j'aime l'appeler – en un mot: travailler. Pour obtenir ce que je voulais, je devais travailler, encore et toujours travailler. Je voulais être au sommet, être une référence dans le segment haut de gamme. Placer la barre très haut, je fais cela depuis que je suis enfant. Entre-temps cependant, la vie m'a aussi appris qu'il y a un revers à ce travail acharné perpétuel. Sans m’en rendre compte, je me suis retrouvé pris dans un engrenage où ma vie ne rimait qu'à me lever tôt, déjeuner dans la voiture uniquement avec un café, manger pour la première fois seulement à midi et continuellement courir nerveusement dans tous les sens, comme un gibier traqué. Je n'avais ainsi jamais la sensation d’avoir faim, la nervosité intérieure qui coulait dans mes veines en raison de tout le travail qui m'attendait me permettait de tenir la journée uniquement grâce à l'adrénaline pure. Le soir, je m'affalais dans le canapé, épuisé et affamé, et il m’arrivait parfois de dévorer tout un paquet de gaufres au sucre. Après le dîner, je n'avais plus envie de faire du sport, de m’installer à mon bureau ou de faire quoi que ce soit d'amusant. Je me réveillais dans le canapé au milieu de la nuit, après quoi je me trainais jusqu'au lit."
[silence...]
"Aujourd’hui, je vous dépeins cela de façon très abrupte, mais c’était comme cela."
[silence...]
Cela fait réfléchir?
Wim: “Oui. Sincèrement? Je trouve terriblement difficile d'avouer que mes journées ont ressemblé à cela pendant des années. Cela m’émeut lorsque je m’entends raconter ça. Comment une personne peut-elle autant s'éloigner d'elle-même? Je sais cependant que nombre de mes collègues vivent la même chose. Ce que je n'ai pas encore mentionné, c'est qu'il n'y a pas que la pression du travail, il y a évidemment aussi les obligations de la vie familiale, les besoins des enfants, etc.
Aujourd'hui, je me rends clairement compte que j'ai vécu toute ma vie en fonction des autres. Je m’effaçais continuellement, je voulais toujours faire plaisir aux clients et à la famille, j'essayais de faire du bien à tout le monde, je disais ‘oui’ à tout le monde, sauf à moi-même. Je suis quelqu’un de très positif de nature et j'aime aider les autres. Mais aider tout le monde, cela prend beaucoup de temps. Que faites-vous alors de vos propres envies, de vos propres projets? Vous les mettez de côté. Résultat: vous pensez au travail 24 heures sur 24. L’intégralité de votre monde tourne autour du carrelage et votre santé commence à décliner. Eh bien, je peux aujourd’hui le dire par expérience: cela dure jusqu'à ce que vous craquiez."
Noche oscura
C’est ce qui est arrivé à Wim il y a quelques années. Une séparation et une grosse opération d'une double hernie l'ont terrassé pendant deux ans. Ce fut une période difficile, dans de nombreux domaines. Cependant, parfois, les blessures les plus profondes peuvent devenir les plus grands tremplins vers une nouvelle façon de vivre et d'être. Une phase de la vie que l’on l’appelle également ‘la nuit noire de l'âme’, ‘la nuit obscure’ ou ‘noche oscura’. C'est le moment où votre vie semble être en danger, où une grande partie de ce que vous avez construit semble vous échapper. Il faut briser des parties de votre 'ancien moi'... Afin que quelque chose de nouveau puisse émerger. Un nouveau moi.
Wim: "Pendant les mois où j'étais à la maison, j'ai commencé à lire beaucoup sur l'importance de réfléchir à sa qualité de vie. Ce fut peut-être le début de toute ma transformation. Après mon mariage, j'ai eu plusieurs autres relations qui ont mal tourné puis j'ai reçu les résultats alarmants des médecins. Cholestérol, diabète, tension trop élevée... Ce n’était pas beau à voir. J'ai quatre enfants et je voulais qu’ils aient encore un père pendant longtemps. D'ailleurs, j'avais un grand souhait: je voulais sauter en parachute. Cependant, en raison de mon surpoids, ce n'était pas possible. Et puis tout à coup, j'ai eu un déclic. C'est comme si la coupe était pleine et que vous vous dites très clairement: je ne veux plus de cela. Se mettre au service des autres encore et encore, mais au détriment de soi-même... Il fallait que cela cesse. Je voulais apprendre à me faire passer en premier. Mieux encore, je voulais devenir la meilleure version de moi-même."
"Les années ont passé et je peux aujourd’hui décrire mon parcours que comme une véritable révélation. Je sais maintenant, par ma propre expérience, que la vie peut être vraiment différente. C'est peut-être la principale raison pour laquelle je souhaite partager ce récit: pour montrer aux collègues que la vie peut être tellement plus riche et plus réelle..., à condition de le vouloir. N'attendez pas le douloureux réveil que j'ai dû subir moi-même, sachez qu'il y a une vie en dehors du travail. Partez à la découverte de vous-même, soignez votre santé et élevez votre niveau de vie. La paix, le bonheur et la clarté que vous ressentez grâce à l'équilibre intérieur que vous avez créé en vous sont difficilement descriptibles."
Comment avez-vous abordé ce changement?
Wim: "J’ai commencé par changer mon régime alimentaire. En effet, si je voulais sauter en parachute, il fallait que je perde du poids. Grâce aux conseils d'un coach et à un programme de remise en forme axé sur la nutrition, l'exercice et la mentalité, j'ai commencé à travailler sur mon alimentation, mon mode de vie et mon rythme d'exercice. Après une auto-analyse approfondie, j'ai commencé à suivre méticuleusement ce programme de remise en forme. Il ne s'agissait pas du tout d'un régime, mais d'un changement de mode de vie. Cela a simplement commencé par me lever une heure plus tôt, faire de l'exercice, prendre un petit-déjeuner sain, prendre du temps pour moi et ingurgiter de nombreuses collations protéinées tout au long de la journée. Je me suis forcé à intégrer ce nouveau planning quotidien dans ma vie et j'ai même programmé mon réveil à cet effet."
"Suite à ce nouveau régime alimentaire, j'ai commencé, de façon étonnamment rapide, à me sentir beaucoup plus en forme. Cette forme physique s’est traduite par plus d'énergie, un esprit beaucoup plus clair et une joie de vivre retrouvée. Je me suis mis à aller marcher de plus en plus souvent. Vu que je commençais à me sentir plus en forme, j'ai eu envie de faire du sport et de courir. Mon kinésithérapeute m'a conseillé d’y aller très lentement. J'ai suivi un programme ‘je cours pour ma forme’ de cinq semaines, après lequel je réussissais à courir cinq kilomètres. Chaque corps à besoin de faire de l'exercice, pas nécessairement du sport, mais juste de l’exercice. Il est également important de faire de l'exercice en dehors du travail. Ne pensez donc pas que vous parcourez déjà suffisamment de kilomètres sur chantier, car ces kilomètres, c’est le stress qui vous les fait parcourir. C'est très différent."
"Au bout de huit semaines, j'ai fait une analyse de sang. Mes valeurs sanguines s'étaient sensiblement améliorées. Elles n'étaient pas encore top, mais elles évoluaient dans le bon sens. J'ai été subjugué par cet effet. Non seulement je sentais que j’allais mieux, mais cela pouvait aussi se mesurer! Entre-temps, j'avais déjà perdu plus de 15 kg et je me rendais compte que je devais continuer sur cette voie."
"En plus de cela, une période très chargée s'annonçait et je devais vraiment être au top de ma concentration. Pour donner le meilleur de soi-même, il faut se sentir bien. En fait, notre métier peut être comparé au sport de haut niveau. Il ne faut pas ressentir la moindre blessure, physique ou mentale."
"Avec mon coach, nous avons alors commencé à formuler de nouveaux objectifs. Chaque fois que je les atteignais, je plaçais la barre un peu plus haut. Aujourd'hui, je m'entraîne pour un semi-marathon. Je ne savais pas de quoi j'étais capable, physiquement ni mentalement. Apprendre à penser différemment et à faire des choix plus conscients a sans aucun doute été le plus grand changement."
Est-ce vraiment dans les gènes?
Wim: "Wim a entre-temps réalisé son grand rêve, sauter en parachute. Ses efforts ont été récompensés avec une perte de poids encore plus importante que l'objectif qu'il s'était fixé. Le second test sanguin a stupéfié son médecin. "Je souffrais de cholestérol, de varices, d'hypertension, de diabète, etc., mais 'c'est dans les gènes' – comme on dit. Alors, pendant des années, j'ai supposé qu'il était normal que j’y sois également confronté. Aujourd’hui, je peux prouver que ce n'est absolument pas le cas. C'est une croyance qui vous a été inculquée et derrière laquelle vous vous cachez. Depuis que j'ai perdu du poids, que je fais plus d'exercice, que je mange sainement et que je pose des choix plus conscients, mon bilan sanguin est parfait. Le médecin m'a regardé stupéfait et m'a demandé comment j'avais fait, avant de me renvoyer chez moi avec un rapport parfait."
Quel changement constatez-vous dans votre travail?
Wim: "Dans mon travail, je remarque que je suis plus clair et que je peux aborder ma tâche avec plus de concentration. Vu que je me sens plus en forme, je peux beaucoup mieux analyser les choses. Cela a un effet positif sur mon emploi du temps et mes horaires. Parce que je suis plus calme dans ma tête, je planifie les tâches plus efficacement et je peux faire plus. Résultat: il m’arrive parfois d’avoir fini à 15h, alors qu'avant cela m’aurait pris la journée entière. C'est tellement étrange que j'ai parfois l'impression d'avoir oublié quelque chose!"
"Outre l'aspect sportif qui est entré dans ma vie, c’est tout mon état d'esprit qui a changé. J'ai appris à mieux me connaître. Aspirer à devenir la meilleure version de moi-même est aujourd’hui devenu ma priorité absolue. Toute la société est construite pour nous faire aller à Rome le plus rapidement possible par un ou plusieurs chemins. Mais voulons-nous tous aller à Rome? En apprenant à dire non aux autres, j'ai enfin appris à me dire oui à moi-même. Cela a demandé de nombreux efforts, car ce schéma était profondément enraciné en moi. J'avais toujours voulu faire passer les autres en premier, tant dans le travail que dans les relations. Aujourd'hui, je me fais passer en premier, afin de pouvoir servir les autres encore mieux, mais sans me faire du tort."
"Je n'ai plus rien à prouver, je suis satisfait de moi et cela m’apporte beaucoup de sérénité. Cela s’apparente plutôt à un défi dans le segment supérieur dans lequel je travaille. Dans ce segment, les gens ont l'habitude de donner des ordres qui seront ensuite exécutés, et qu’on ne leur dise jamais ‘non’. Aujourd'hui cependant, Wim Verkinderen arrive à dire non lorsque cela ne va pas, mais je leur soumets toujours une contre-proposition en fonction de ce qui, pour moi, est bel et bien faisable. Par exemple, j’ai l’esprit beaucoup plus libre parce que je suis plus honnête avec moi-même. Ces gens rejettent parfois ma proposition et vont alors voir ailleurs. Mais ils reviennent deux jours après et, souvent, avec plus de respect que jamais. De nombreux clients sont même devenus de bonnes connaissances ou des amis."
Votre nouvelle vie a-t-elle aussi un revers?
Wim: "Peut-être bien. J'ai surfé sur une vague d'énergie positive ces derniers mois et je peux partager cette vibration avec une communauté de personnes partageant les mêmes idées qui essaient toutes de tirer le meilleur de leur vie. La force d'une telle communauté est incroyablement motivante et m'a ouvert les portes d'un nouveau monde. Cependant, à un moment donné, vous refermez cette porte et vous rentrez chez vous. Et vous êtes confronté à des gens qui ne se préoccupent pas du tout de vivre d’une manière plus consciente et plus saine. Vous avez alors l'impression d'être un peu perdu dans cet ancien monde que vous connaissiez pourtant très bien. Il faut s’exercer pour trouver un équilibre entre le 'niveau élevé' de ma vie nouvellement acquise qui déborde de positivité, et le ‘quotidien’, le ‘normal’. Je me pose alors la question: qu'est-ce qui est réellement normal? Subir sa vie, ou prendre sa destinée en main? Nous avons cependant tous été tellement conditionnés à trouver normal de tourner en rond, comme un lion en cage. Eh bien, je peux vous dire que ce lion est aujourd’hui lâché. L'oiseau s'est libéré et s’est enfin envolé. Je n’ai pas les mots pour décrire à quel point c'est libérateur."
"D'un autre côté, il y a aussi un prix à payer pour vivre de façon plus consciente. On ne peut pas devenir plus sensible ni plus réceptif à davantage de joie de vivre sans devenir également plus sensible à la douleur ou à la tristesse. Je remarque que je suis devenu beaucoup plus sensible, alors que j'avais l'habitude de réfréner et cacher mes émotions. Mais être plus sensible, c'est aussi être plus vrai, plus authentique. Je vis de plus en plus en fonction de ce que je suis vraiment, et je ne me contente plus de demi-vérités, de fausses amitiés ou de relations avec des motivations cachées. L'authenticité, c’est ce qui prime. Et oui, cela s’accompagne aussi parfois temporairement d’un sentiment de solitude."
Quelles sont les cinq qualités les plus importantes nécessaires pour réussir?
Wim: "La volonté. La persévérance. Être positif. Poser des choix consciemment. Demander l'aide d'un coach ou d'un mentor et oser accepter cette aide extérieure. Sans mon coach, je ne serais pas le Wim 2.0 que je suis aujourd'hui. Mais la plus grande condition nécessaire pour tout cela, c'est de le vouloir à 100%."
Quels sont les pièges à éviter?
Wim: "Les préjugés et la négativité de ceux qui vous entourent sont très toxiques. On entend constamment dire: 'Combien de temps vas-tu tenir comme ça? Tu finiras par arrêter. Est-ce que tu vas faire ça toute ta vie, manger sainement?"
"Se laisser distraire par les raisonnements réducteurs, les opinions qui vous jugent et l'opposition des autres vous fait perdre vos forces et vous détourne de l'objectif que vous vous êtes fixé. Entourez-vous d'une communauté partageant les mêmes idées, car cela change la vie."
"Le second piège, c’est de suivre un régime. Croyez-moi, ce n'est pas de cela dont il s'agit. Les régimes ne sont pas tenables et vous donnent l'impression que vous ne pouvez plus rien faire. Je vis encore aussi bien qu'avant, je profite toujours d'un bon dîner au restaurant accompagné d’une assiette de frites. Il s’agit cependant d'intégrer un mode de vie différent. Et adopter une alimentation plus saine en fait partie. Je donnerais donc le conseil suivant: ne soyez pas trop strict avec vous-même et faites uniquement ce que vous savez que vous réussirez à faire. Faites-vous guider par un coach, entourez-vous de la force d'une communauté et allez-y progressivement. Avant même de vous en rendre compte, vous aurez repoussé des limites que vous n'auriez jamais cru possibles."
Comment vous décririez-vous aujourd'hui?
Wim: "En super forme."