Une récession cet automne? Ou le secteur est-il optimiste?
Comment avez-vous vécu ce printemps? Dans quelle mesure avez-vous été affecté par les difficultés liées à la hausse des prix des matières premières et des transports? Que faites-vous pour limiter leur impact? Selon vous, que se passera-t-il à l'automne et comment anticipez-vous en tant qu'entreprise? Telles sont les questions que nous avons soumises à notre panel.
Voici les conclusions que nous pouvons en tirer.
Conclusions
- Pierre naturelle vs. céramique. Au printemps, le secteur de la pierre naturelle a été moins affecté par le contexte géopolitique que celui de la céramique.
- L'inquiétude dans le monde des carrelages céramiques fait progressivement place à un optimisme prudent.
- En ces temps incertains, disposer d'un large stock et communiquer de manière proactive et rapide avec les clients concernant les prix et la disponibilité des produits constitue un atout important.
- Investir dans l'automatisation, l'efficacité et l'optimisation des processus est une tendance qui se poursuit et représente la clé du succès pour de nombreuses entreprises.
"Nous nous attendons à ce que l'inflation se calme", entame Frederik Rigole (Grubau). "Les prix ont connu leur plus forte poussée à la hausse. Du moins, c'est ce que nous espérons. Les approvisionnements sont à nouveau un peu plus fluides depuis peu et notre stock élargi nous a permis de continuer à desservir les clients ces derniers mois. Un marché assez sain, associé à une communication rapide et proactive envers nos clients quant à la disponibilité des produits et aux prix, nous a permis de vivre un printemps positif."
"Pour l'automne, nous ne nous attendons assurément pas à un arrêt total, mais au début d'une solide rectification pour les deux dernières années marquées par des succès exceptionnels. Selon nous, la consommation dans le secteur de la construction ralentira quelque peu à partir de l'année prochaine. Notre secteur étant impliqué plus tard dans la chaîne de la construction, plus précisément au stade du parachèvement, l'impact se fera ressentir, lui aussi, un peu plus tard, à savoir en 2023-2024. Nous nous attendons par conséquent à la poursuite de la consolidation du marché. Aussi malheureux cela soit-il, certaines entreprises passeront à la trappe."
Comment s'armer contre cela ou quelle est la formule à succès pour surmonter des périodes difficiles?
"Il n'existe pas de recette unique, mais les entreprises qui continuent à investir durant les périodes difficiles en ressortiront plus fortes par la suite. Nous continuons à investir dans l'expérience client, l'automatisation et l'optimisation des processus. Ce qui nous permettra de maintenir à terme une croissance saine, avec une équipe travaillant d’une manière toujours plus efficace. Je n'attends pas un raisonnement différent de la part de nos clients."
Investir dans l'automatisation et l'efficacité, telle est également la raison pour laquelle le secteur de la pierre naturelle ne se retrouvera pas à l’arrêt, selon Patrick Buysse (Projectburo). "Il se passe beaucoup de choses dans le monde, surtout dans le secteur de la construction. Quand je lis que le secteur de la céramique sera totalement différent dans un avenir proche. Ce sont des choses que je n'avais encore jamais lues au cours de ma longue carrière."
Même si, selon Patrick, on n’en arrivera pas là. "Nous entendons certes dire que le marché pourrait ralentir après les vacances, mais cela ne s’est pas encore fait beaucoup ressentir. Pour nous qui sommes actifs dans le domaine des machines pour la pierre naturelle et la céramique, je n’envisage assurément aucune récession. Tout le monde continuera à investir parce qu'il est tout simplement impossible de trouver du personnel. La tendance à l'automatisation se poursuivra parce que les machines permettent d’effectuer les opérations et le travail que beaucoup de gens ne veulent plus faire. Nous ne nous plaignons pas, notre carnet de commandes est plein jusqu'au Nouvel An."
En nous entretenant avec David Galinier, nous avons également perçu des signaux positifs de l'étranger. Son entreprise Abrasifs Galinier, qui fabrique des outils à Lacrouzette, se porte bien. "Nous sommes débordés de travail et sommes actuellement 10% en avance sur nos objectifs. La raison est double. D'une part, nous disposons d'un large stock, ce qui nous permet de poursuivre la production et la livraison. D'autre part, nos produits sont devenus plus compétitifs par rapport à la concurrence asiatique."
Même son de cloche chez Steve Derre, Sales Manager chez Thibaut. "La pierre naturelle ne souffre manifestement pas des problèmes de production que nous connaissons dans le secteur de la céramique. Je constate cependant une certaine réticence et un certain attentisme pour de nouveaux investissements. 2022 aura finalement été une très bonne année, mais cela ne sera malheureusement dû qu'aux commandes passées l'an dernier et au début de cette année (avant la guerre, ndlr.). Depuis l'invasion de l'Ukraine, nous avons remarqué une certaine prudence. En outre, vu que les mesures de soutien Corona qui s'appliquaient en 2020 et 2021, à savoir la déduction fiscale accrue pour les investissements, expireront fin de cette année, on sent que ce n'est pas le moment de ‘faire des folies’."
"Même si la situation n’est pas identique dans tous les pays. Quand on examine nos exportations: l'Amérique a explosé. Pourquoi? C’est très simple: la valeur de l'euro a chuté d’environ 15% par rapport à l'an dernier. Un euro moins cher facilite quelque peu les exportations vers l'étranger: pour les Américains, c'est donc le moment idéal pour investir et payer en euros. Lors de l'achat d'une nouvelle machine, cela peut faire une fameuse différence. Si l'euro a toujours été plus fort, il est aujourd’hui pratiquement à 1 contre 1.
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Même son de cloche chez Steve Derre, Sales Manager chez Thibaut. "La pierre naturelle ne souffre manifestement pas des problèmes de production que nous connaissons dans le secteur de la céramique. Je constate cependant une certaine réticence et un certain attentisme pour de nouveaux investissements. 2022 aura finalement été une très bonne année, mais cela ne sera malheureusement dû qu'aux commandes passées l'an dernier et au début de cette année (avant la guerre, ndlr.). Depuis l'invasion de l'Ukraine, nous avons remarqué une certaine prudence. En outre, vu que les mesures de soutien Corona qui s'appliquaient en 2020 et 2021, à savoir la déduction fiscale accrue pour les investissements, expireront fin de cette année, on sent que ce n'est pas le moment de ‘faire des folies’."
"Même si la situation n’est pas identique dans tous les pays. Quand on examine nos exportations: l'Amérique a explosé. Pourquoi? C’est très simple: la valeur de l'euro a chuté d’environ 15% par rapport à l'an dernier. Un euro moins cher facilite quelque peu les exportations vers l'étranger: pour les Américains, c'est donc le moment idéal pour investir et payer en euros. Lors de l'achat d'une nouvelle machine, cela peut faire une fameuse différence. Si l'euro a toujours été plus fort, il est aujourd’hui pratiquement à 1 contre 1.
Eddy Indesteege de Pieterman Glas- en Steentechniek est lui aussi optimiste. "La radio et la télévision annoncent un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre. L’augmentation des coûts du transport et de l'énergie forme souvent un frein aux négociations, c'est vrai, mais la compréhension est là, et cela vaut pour le monde entier. Les personnes tournées vers la croissance sont plutôt ouvertes au changement. Il convient de toujours placer le client au centre des préoccupations. Selon moi, davantage d'investissements (lire: d'automatisation) pourraient également résorber le problème de l'emploi."
La panique des derniers mois du côté de la céramique fait progressivement place au réalisme et à un optimisme prudent, c'est clair. Filip Vankeirsblick, administrateur délégué de Westvlaams Tegelhuis nv et distributeur tant de pierre naturelle que de céramique, prévoit certes une légère baisse vers fin 2022, mais un avenir radieux. De plus, l'approvisionnement en argile en provenance d'Ukraine n’est pas aussi problématique partout et, nous dit-il, la population locale est suffisamment inventive pour continuer à gagner de l'argent.
"Ce qui se passe là-bas est particulièrement grave, mais il faut aussi que de l'argent continue à entrer en Ukraine. Tout n'est pas à l’arrêt. Un de nos fournisseurs d'un pays voisin a obtenu de l'argile pour six mois, ce qui prouve que tout n'est pas si noir. Pas besoin de semer un vent de panique. Peut-être les fabricants veulent-ils ainsi gonfler artificiellement les prix?"
"Les prix de certains matériaux comme l'OSB et le bois sont en train de baisser, comme les prix du transport pour les livraisons en provenance d'Inde. Espérons que le reste suivra. Je pense que la stratégie de nombreux fabricants dans les prochains mois et surtout à plus long terme consistera à générer peut-être moins de chiffre d'affaires, mais à miser davantage sur des marges plus élevées."
Filip prodigue encore les conseils suivants. "Gardez beaucoup de stock, négociez correctement et essayez d'obtenir de bons prix, que vous devrez répercuter dans la mesure du possible. Chez nous, les commandes existantes sont livrées aux prix initiaux. Nous sommes conscients que nous nous saignons parfois, mais il faut faire avec. C'est notre service. Avant de conclure une vente, nous nous renseignons d'abord auprès de l'usine sur la faisabilité et le délai de livraison. Et ce n'est qu'ensuite que nous le communiquons au client."
Inge De Smet, directrice d'IMPEXBUILD, était initialement préoccupée par les conséquences possibles. "Les prix restent très volatils, de telle sorte que conclure des accords de prix à long terme reste difficile. Reste à savoir combien de temps les particuliers seront encore prêts à payer pour cela. Nous espérons que les prix des carreaux céramiques vont baisser, mais ceux-ci ne reviendront pas à leur niveau initial. D'autre part, je n'avais jamais connu d'augmentation de prix au cours des 20 dernières années. Peut-être est-ce une évolution logique. Il est seulement ennuyeux que celle-ci soit si brusque."
En même temps, Inge indique que son entreprise a été en grande partie épargnée. "Nous travaillions beaucoup avec le Chine, mais avons arrêté en raison des coûts de transport trop élevés. Nous n'avons heureusement pas souffert de problèmes de disponibilité, parce que nous avons toujours fait tourner notre propre production à plein régime. De plus, nos unités de production disposaient de suffisamment de matières premières car elles sont peu ou pas dépendantes de l'Ukraine."
"Nous prévoyons cependant que la demande diminuera cet automne. Nous entendons dire qu’il y a moins de visiteurs dans les salles d'exposition qu’à l’accoutumée, surtout aux Pays-Bas. Par contre, ceux qui s’y rendent, achètent bel et bien. Cela reste positif. Pour le reste, nous sommes dans les temps. Nous continuons de miser sur l'expansion à l’international et nous nous focalisons sur une excellente gestion des stocks ainsi que sur le service clientèle."
Et puis il y a les entreprises qui évoluent innocemment dans notre secteur et qui naviguent habilement entre les vents, connaissant une croissance stable et pouvant produire de beaux chiffres. Comme Verimpex. Son directeur général Bruno D'Hont et l'assistante Sales & Marketing Margaux Lycke affirment qu’ils ont connu un solide printemps. "Si nous avons enregistré une forte croissance sur le marché privé pendant le Corona, c'est maintenant le marché des projets qui se porte bien. Nous avons de beaux projets, sommes devenus plus forts en France, en Italie et en Scandinavie, et le carnet de commandes est bien rempli. Nous n’avons certainement pas à nous plaindre."
Bruno recommande tout de même une certaine vigilance pour cet automne. "Nous devons être vigilants. L’incertitude est encore très présente dans le secteur de la construction. On entend sur le marché des projets que de nombreux projets sont encore en attente. Le message est qu'il faut se méfier de 2023. Nous n'aimons pas émettre des prévisions, mais les prix de certaines matières premières sont en train de baisser. C'est déjà bon signe. Nous continuerons à investir dans des ventes supplémentaires."
"Chaque inconvénient a son avantage." Tels sont les paroles historiques de l'ancien footballeur Johan Cruijff avec lesquelles Eddy Indesteege veut encourager les gens. Frederik Rigole referme lui aussi notre discussion sur une note positive, en citant un adage séculaire. "Après la pluie le beau temps. Chaque défi offre des opportunités. A nous de les saisir."
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