“Van zulle tot zerk” : en visite chez Natuursteen Vanneste, à Wevelgem
Avec le cheval et la charrette
“Mon grand-père Albert a commencé comme apprenti à 14 ans, en 1940, chez le tailleur de pierre wallon Fiérin”, raconte Sander Vanneste. “À l’époque, la pierre bleue et les grandes pierres tombales monumentales étaient encore taillées à la main, puis transportées vers le cimetière avec une charrette et un cheval pour y être mises en place. Ce n’est qu’en 1951, lorsqu’il a repris l’entreprise, que la première machine à meuler a fait son entrée.” Vingt ans plus tard, l’histoire s’est répétée lorsque Guido, fils d’Albert, a rejoint l’entreprise à l’âge de 15 ans.
“À l’époque, on arrêtait l’école pour aller travailler. C’était la meilleure façon d’apprendre car, entre la réalité de l’atelier et les bancs de l’école, ce n’est pas la même chose”, dit Sander. Vingt à trente ans ont passé puis lui et son frère, la troisième génération, ont pris leur place dans l’entreprise. “À l’âge de 10 ans, je savais déjà que je voulais rejoindre l’entreprise moi aussi. J’ai encore des photos anciennes sur lesquelles on me voit, enfant, en train de tailler des cendriers. Aujourd’hui, je me retrouve dans mon fils Sem. Il a dix ans et demande régulièrement où il peut aider. Il commande l’ordinateur de notre machine de sciage comme si c’était un jeu pour lui.”
Aspect humain, caractère familial
“Nous, les Vannestjes, sommes connus pour tout faire nous-mêmes, du travail de la pierre jusqu’à la pose. Mon frère travaille toute la pierre bleue, moi j’établis les premiers contacts avec les clients, je vais prendre les mesures et j’assure la pose. Cela crée un lien et une confiance. Nos clients ont un seul interlocuteur, ce qui a une très grande valeur. Nous trouvons le caractère familial de notre entreprise très important. Nous avons à notre service un homme supplémentaire, Grégory, une crème qui aime dire chaque jour à quel point il est satisfait de ce travail. Quant à nous développer encore, embaucher plus de monde… non, ce n’est pas pour nous ! Nous sommes sous pression et le client doit attendre cinq semaines ? Eh bien c’est comme ça ! Et croyez-moi, cela se passe généralement sans ronchonner. Même si nous voyons des changements, et que les choses doivent toujours aller plus vite."
"On compare davantage les devis qu’il y a deux ans, par exemple. Les gens sont devenus plus exigeants et plus critiques. Mais nous ne nous laissons pas mettre sous pression. La qualité, l’honnêteté, l’aspect humain…, c’est très important pour nous. Nous travaillons dur, mais nous voulons pouvoir aider chacun. Il y avait ainsi par exemple un homme qui avait fait un petit trou dans un seuil. Je suis allé le réparer gratuitement pour lui. Quelques semaines plus tard, il était de retour à notre atelier, avec une série de seuils. Les gens s’en souviennent quand vous les avez dépannés dans les problèmes. Récemment, nous avons acheté une petite scie d’un ancien tailleur de pierre. Les clients qui viennent chez nous pour faire scier une petite plinthe peuvent maintenant le faire eux-mêmes. Ils apprécient cela. Et rendre service aux gens, cela nous rend heureux.”
Apprendre avec les yeux
Chez Vanneste Natuursteen, on connaît sur le bout des doigts le travail de la pierre bleue, du granit, de la pierre blanche, des composites, de la céramique, du Dekton… Seuils, encadrements de portes, cuisines, tablettes de fenêtres et dalles de terrasse, aucun projet n’est trop grand ou trop petit pour eux.
“Nous disons bien parfois ‘van zulle tot zerk’ (du seuil à la pierre tombale), mais cela va plus loin en fait. Pour le Group Versluys nous avons repris, en pleine pandémie, un grand projet de prestige sur la place Albert à Knokke. Pendant deux ans, j’ai travaillé à habiller un immeuble résidentiel en pierre naturelle. Comment j’ai appris tout cela ? En m’occupant les yeux ! Depuis l’enfance, je regarde comment les choses sont faites et placées. Il faut aimer ce qu’on fait si on veut en apprendre davantage. Car, imaginez que je puisse recommencer demain, eh bien je ferais exactement la même chose ! Je fais ce que j’aime faire, et je peux satisfaire des gens avec mon travail. Du bloc brut à la finition, nous assurons tout le processus et nous faisons tout nous-mêmes. Ici, nous ne proposons rien de fabriqué en Chine !"
"Brachot et Bemarmi sont nos fournisseurs principaux. Ils nous ont d’ailleurs rendu beaucoup de services, même lorsque nous avons déménagé. Au début, il n’a pas été facile de tout mettre en place. Leur aide et leur serviabilité ont été tout à fait les bienvenues ! Aujourd’hui, sept à huit ans plus tard, nos coûts les plus élevés sont amortis. Il faut parfois oser se lancer. Les plus grands projets ne vous arrivent pas tout cuits sans rien faire.”
Une finition parfaite
Il faut le dire : les tailleurs de pierre sont une espèce à part. Même si le travail est encore si dur, la matière si froide, le sang du tailleur de pierre s’accélère, bouillonne et se met à scintiller lorsqu’il prend en main un morceau de pierre brute. Pourtant, cette entreprise familiale n’est pas contre une modernisation intelligente qui allège le travail manuel le plus lourd. Depuis un an, une nouvelle machine trône à l’arrière de l’atelier. Elle soulage les frères Vanneste de bien des heures et des quantités de travail. Une cuisine est maintenant finie en trois heures à peine, la machine faisant son travail toute seule une fois toutes les données entrées. Ce qui laisse tout loisir à Sander et Steven de se consacrer à une finition parfaite. “Faire des cuisines avec des onglets parfaits, j’aime cela. Je peux être fier d’un bon résultat final. Si je sais qu’on peut mieux faire, alors pour moi tout est à refaire.”
De Saint-Nicolas à Obélix
À Wevelgem, les Vannestjes sont connus comme des joyeux drilles prêts à aider chacun lorsqu’ils le peuvent. C’est ainsi que le camion de l’entreprise a eu l’honneur de transporter Saint-Nicolas en personne, avec toute une cohorte de Pères fouettards... Et, à l’occasion de leur déménagement, en 2014, la famille a réalisé une petite vidéo comique pour annoncer le départ de la rue de Menin vers la Fabrieksstraat.
“Ce clip a été partagé massivement. Nous avions fait des menhirs en papier mâché que nous portions sur le dos, et nous avions loué pour notre père un costume spécial Astérix et Obélix. Rien que pour le plaisir que nous avons eu ce jour-là, j’aimerais encore bien déménager ! Nous sommes une entreprise familiale dans laquelle on travaille dur, mais il ne faut surtout pas oublier de s’amuser dans la vie !”
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