Cersaie 2022, grande affluence et nouveautés
Dans les allées, Polycaro a également tenu à interroger un Français, un Néerlandais, deux Italiens et deux Belges.
Grande affluence pour Cersaie 2022
La grande affluence nous a immédiatement frappés. Paolo Colombo, président d’Assoposa Italia, en a parlé dès le premier jour. “Nous sommes très satisfaits de l’affluence. Cersaie est sans conteste l’une des principales sources d’information pour la branche du carrelage. Les visiteurs viennent de partout, aussi bien des pays voisins que d’Asie. Ici aussi, à la ‘Città della Posa’, on constate un passage continu agréable et les professionnels sont curieux de découvrir nos nouvelles techniques de pose. En ce qui me concerne, on peut d’ores et déjà parler d’une réussite, comme pour les éditions précédentes.”
Un peu plus tard, nous avons eu une conversation passionnante avec Dominique Pichenet, un Français fabricant de carrelage en Provence. “Nous retrouvons aujourd’hui le salon Cersaie, nous sommes extrêmement heureux de l’affluence. Seulement, à mes yeux, il n’y avait pas assez d’énergie pour mettre en route des changements extrêmes lors cette édition.”
Astrid Deketelaere, du Bouwpunt Deketelaere de Ruddervoorde, a estimé elle aussi l’affluence remarquable. "Nous sommes très satisfaits de notre venue à Cersaie 2022, et nous attendons déjà impatiemment l’édition 2023. En notant toutefois que quelques grands acteurs, tels que le groupe Florim, Marazzi et Kronos, n’étaient pas présents au salon cette année, mais ont préféré organiser un événement dans leurs locaux. Ce qui a aussi ses avantages. Nous avons ainsi eu la chance de pouvoir combiner une visite au salon avec une visite personnelle guidée de la salle d’exposition de Florim, ainsi que chez Marazzi, suivies à chaque fois d’une réception soignée. Une manière idéale de découvrir la totalité des collections et les nouveautés."
La production durable, une priorité absolue
On constate que de nombreux fabricants investissent fortement et sont fiers de proposer une production écologique et respectueuse de l’environnement. Sur les stands, on voyait beaucoup de vert naturel pour la présentation des collections. Avec des slogans dans l’esprit ‘Made with love’, ‘Cultiver la céramique’, ‘Reducing Emissions and minimizing water’, ‘Dress up your world’, ‘Building responsibly together’ ou ‘Inspiring better living’.
Certains fabricants ont adapté leur nom ou les noms de produits en conformité avec l’air du temps. ‘Ecoceramic, ‘Eco Ceramica Group’, ‘Verde 1999 Italian Ceramics’ par exemple. De nombreux fabricants font visiblement preuve d’une attention prioritaire pour un avenir meilleur, plus écologique et plus durable, avec et pour le carrelage et ses produits annexes.
Nouvelles tendances ? Motifs fleuris et carrelages en “paper-look”
Durant la première journée, nous avons découvert une large diversité, tant en termes de format que de finitions. Beaucoup de dalles de grand format très colorées et polies, des combinaisons de plusieurs types et formats, avec par exemple de petits éléments hexagonaux, nous ont sauté aux yeux dès le premier hall. Certains fabricants parient sur un look Black & White, le noir étant la couleur principale, audacieuse, osée, extravagante.
Chez les grands acteurs, on remarque beaucoup de motifs fleuris et d’imitations de pierres de parement. La plupart parlent de ‘paper-look’, car le résultat final évoque un peu le papier peint.
“Les Pays-Bas ont eu une sérieuse influence sur le salon Cersaie. J’ai vu énormément de fleurs”, dit en riant Gerard Reus, président de Bovatin Nederland. “Personnellement, je trouve cela un peu ‘déjà vu’. Ou bien est-ce rétro ? Du point de vue du concept, les stands sont OK, sans aucun doute mais, si l’on excepte les nombreuses couleurs, je ne vois pas vraiment une fièvre d’innovation. Cependant, l’intérêt suscité est beaucoup plus important que je ne le pensais. Beaucoup de gens se sont déplacés pour cette édition de Cersaie, et pratiquement tous étaient là sans masque. Une véritable respiration par rapport à l’an dernier.”
Dominique Pichenet n’est pas encore convaincu par le ‘paper-look’ pour le moment : “La question est de savoir si cette imitation de papier peint prendra suffisamment auprès des visiteurs. Mais je crois que les grands thèmes au sein du processus de production, autour de l’énergie et de l’écologie, iront de l’avant. Sans aucun doute, le point d’attraction est ‘vert’.”
Guy Royaux, qui dirige l’entreprise d’importation Tyles, est positif sur cette édition. “En termes de niveau des produits, certains fabricants ont fait de leur mieux pour mettre en avant des évolutions techniques et des nouveautés. Le ‘double digital’, qui consiste à travailler deux fois le même carreau, avec une structure d’abord, puis un dessin, apporte une superbe profondeur ainsi qu’un toucher agréable. Quelque chose que nous verrons certainement de plus en plus dans les années à venir. Même si la question reste de savoir pour quand nous devons attendre de nouvelles collections. La plupart parlent de mars ou avril 2023.”
On peut conclure que les intentions étaient bonnes. “Beaucoup de bonnes intentions cette année au salon Cersaie, avec une affluence très élevée les trois premiers jours. En particulier, les collègues des autres continents, venus des États-Unis, d’Amérique du Sud, d’Australie et d’Inde, étaient de retour en masse. Pour beaucoup, c’était leur première apparition depuis 2019. Les importateurs belges étaient aussi présents à l’appel”, conclut Guy.
Cersaie 2022 : sous le coup du Dutch TTF Gas Index ?
Bien sûr, le sujet brûlant d’actualité, l’impact des prix du gaz sur la production mondiale de carreaux de céramique, était omniprésent. Et les opinions varient à ce sujet.
“Hélas, le fantôme du Dutch TTF Gas Index impactait la plupart des discours lors de cette édition ”, nous raconte Guy Royaux. “Et surtout lorsque, mardi après-midi, une explosion au niveau du pipeline a provoqué un bond des prix du gaz ” (voir graphique). “Le énième petit tremblement de terre à Sassuolo et Castellon. Aujourd’hui tout est très précaire, et de nombreux fabricants survivent au mois le mois. Trois quarts des productions sont maintenant à l’arrêt. Qu’en sera-t-il durant les mois d’hiver ? En Flandre-Occidentale, la plupart des producteurs d’autres matériaux de revêtement de sol fermeront du 15 décembre à la fin janvier.”
Astrid Deketelaere, du Bouwpunt Groep, tempère les inquiétudes en estimant que, selon beaucoup de fabricants, il n’y a pas lieu de paniquer pour 2022, et que les carnets de commandes sont encore bien pleins jusqu’à la fin de l’année. "Ce qu’apportera 2023 est encore un gros point d’interrogation pour chacun de nous. A l’heure actuelle, les carreaux sont produits dans un format encore plus mince qui permet de réduire les coûts énergétiques, et on recourt à une taxe sur l’énergie qui varie mensuellement en fonction du prix du gaz ".
Nous avons également parlé avec Barbara di Genova (ABK Group), étonnamment positive par rapport à la situation actuelle. Quant à savoir de quelle manière elle voit l’impact des prix du gaz sur la production de carrelage, elle répond énergiquement. “De quoi nous soucions nous en fait aujourd’hui ? Certes, il ne faut plus que les prix du gaz continuent d’augmenter désormais. Nous avons dû arrêter certains fours temporairement, par pure nécessité, ce qui était impensable avant la crise. Mais cette crise a aussi un effet positif sur l’innovation. On recherche de manière beaucoup plus intensive des alternatives pour que les fours puissent continuer à tourner. J’ai pu entendre dire dans les couloirs qu’on est actuellement en train de tester et produire la fusion d’hydrogène et de gaz. Nous ne sommes donc pas inactifs.”
Selon Barbara, il y a plus de peur que de mal. “Je vais vous raconter quelque chose. On facture aujourd’hui, en sus des augmentations de prix, un supplément pour le gaz, de sorte que les prix sont hors de contrôle. Eh bien, si je compare mon ancien tarif de 2016 à celui d’aujourd’hui, nous nous trouvons pratiquement au même niveau. Durant cette période, notre politique des prix était totalement différente. Ensuite, une guerre des prix s’est déchaînée, elle a conduit jusqu’aux niveaux extrêmement bas que nous avons connus. Nous avons donc été gâtés et habitués.”
Une chose est sûre, ce secteur fourmille d’énergie, de gens positifs et de beaux produits. Nous sommes rentrés d’Italie avec un bon feeling et beaucoup d’informations nouvelles. Et nous sommes curieux de savoir comment la situation évoluera au cours des prochains mois.
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