Les carreaux céramiques: une pierre angulaire de l'économie circulaire du bâtiment?
Cette même KNB a fait rédiger un rapport par Circle Economy sur la circularité de la céramique de construction. Cette étude, portant sur l'intégralité de la gamme des carreaux, briques et tuiles, conclut notamment que la construction aux Pays-Bas est aujourd'hui circulaire à hauteur de seulement 9%. L'étude s'est également penchée sur les changements à apporter afin d'optimiser au maximum le processus de recyclage à l'avenir. Les flux résiduels des carreaux ou les déchets céramiques provenant de rénovations sont apparemment promis à un bel avenir. Ils ont déjà une longueur d'avance sur le béton, par exemple.
Personne ne doute plus que, pour évoluer vers un cycle fermé afin d'être neutre en émissions à l'horizon 2050, le secteur de la construction doit se mettre à l'ouvrage dès aujourd'hui. Ce modèle dit circulaire utilise le moins possible de matériaux issus de ressources naturelles et le plus possible de matériaux recyclés. Permettant ainsi de limiter la montagne de déchets et de réduire considérablement les émissions de CO2.
Tous sur la même longueur d'onde
Matière première de base de la céramique, l'argile est durable, résiste aux conditions climatiques rigoureuses et est disponible en abondance. Elle le restera encore pendant un certain temps, car elle est charriée sous forme de boue par les rivières et les ruisseaux. Circle Economy a calculé qu'aux Pays-Bas, la céramique représente seulement 5% du volume annuel des matériaux de construction (contre 80% pour le béton). Le potentiel de croissance de la céramique, qui peut également être utilisée dans des applications telles que panneaux de façade, plaquettes de brique et canalisations pour les égouts, est donc énorme. Toutefois, en raison de la part du gaz naturel, sa production doit également devenir moins intensive en CO2. Selon Cerame Unie, la Fédération européenne de l'industrie céramique, la production industrielle de carreaux de sol et muraux se taille actuellement la part du lion (32%). D'ailleurs, l'Europe représente 23% de la production de céramique mondiale.
Selon Cerame Unie, le secteur tente de relever le défi des émissions de gaz à effet de serre en installant des fours électriques fonctionnant à l'hydrogène ou à l'électricité verte, ce qui est plus faisable pour les produits céramiques plus fins comme les carreaux. Parallèlement, il s'attelle pleinement à moderniser et rationaliser ces processus. En outre, le recyclage peut contribuer de manière importante à la réduction des émissions de CO2. Mais pour recycler les carreaux céramiques, ce qui n'est guère le cas actuellement mais pourrait s'avérer une solution efficace à long terme, tous les acteurs (architectes, entrepreneurs, démolisseurs, producteurs) doivent être sur la même longueur d'onde.
La problématique des résidus de colle
Le recyclage de la céramique peut être de qualité inférieure ou supérieure. Dans le premier cas, les granulats provenant de déchets céramiques seront réutilisés pour les fondations, par exemple. Mais ce n'est pas la meilleure solution envisageable. Il sera plus intéressant de transformer les déchets de carreaux en nouveaux carreaux. Ce qui nécessite un processus de collecte très précis lors de la démolition. Et fait grimper les coûts.
Selon Jacco Verstraeten, chercheur chez Circle Economy, ce sont surtout les résidus de mortier qui forment un obstacle au recyclage. Il préconise dès lors d'étudier et d'utiliser des colles solubles, qui pourraient également apporter une solution pour le recyclage des carreaux. Pour les briques sont à l'étude des méthodes de superposition à sec ou avec du mortier sans ciment, car les résidus de ciment affectent fortement la qualité de la céramique recyclée.
Les avantages importants du recyclage
Même si la collaboration de la chaîne précitée et le développement technologique des produits jouent un rôle important, il est néanmoins clair, selon l'étude de Circle Economy, que la céramique en tant que matériau présente des avantages significatifs en matière de recyclage par rapport à d'autres matériaux de construction comme le verre, le béton et l'acier, qui se sont imposés dans l'évolution de la céramique parce qu'ils s'avéraient moins chers et plus résistants. Cependant, à l'origine, la céramique constituait le matériau essentiel pour le secteur de la construction.
Revenir à l'approche d'antan n'est pas faisable pour l'industrie de la construction. Le passage à des matériaux de construction céramiques plus nombreux et recyclés entraînera plutôt une redistribution qu'un remplacement. Le béton étant très souvent utilisé - et de loin - pour les structures portantes, la céramique ne forme pas une véritable alternative dans cette application. Mais ce matériau présente une durée de vie escomptée extrêmement longue. Des fouilles archéologiques mettent encore parfois au jour des vestiges en céramique datant du début de notre ère. Ce qui peut assurément compter en termes de durabilité.
Trois experts nous l'expliquent dans la vidéo ci-dessous.
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