Le professeur Paul Lemmens nous parle de son quotidien... La formation de carreleur au VDAB

Bonjour Paul, comment avez-vous atterri au VDAB?

"Ayant travaillé comme poseur pendant 15 ans, j’avais envie de partager mes connaissances. Après avoir passé les examens nécessaires, je suis devenu instructeur Poseur/Carreleur au VDAB. Cela fait entre-temps déjà 15 ans que j’enseigne et je le fais encore et toujours avec beaucoup de plaisir. Apprendre à des personnes motivées et reconnaissantes à quel point il s’agit d’un beau métier et satisfaire les employeurs en leur fournissant de la main-d'œuvre de qualité, tel est notre leitmotiv. Car je ne suis pas seul. Jef Van Gemert, que vous avez peut-être découvert dans le précédent numéro de Polycaro, enseigne également à Anvers.

Poseur de revêtements de sol et carreleur restent des métiers en pénurie

"C'est vrai. C'est pourquoi nous mettons tout en œuvre afin de répondre le plus possible aux besoins. Nos cursistes bénéficient, si nécessaire, d'un soutien linguistique en néerlandais, de cours de mathématiques, d'une formation pour les aider à solliciter un emploi ainsi que de cours pour obtenir leur permis de conduire complet. Cela va donc bien au-delà du simple enseignement du 'métier'."

À l'approche de l'été, nous voulions aborder avec vous l’aménagement de terrasses

"Volontiers! Nombre de nos cursistes ont travaillé dans le bâtiment dans leur pays d'origine. Ainsi, réaliser un sol plan, en pente ou non, ne pose généralement pas de problème. Mais en Belgique, il y a un facteur important: le temps n'est pas constant. La température d'une dalle de terrasse peut facilement atteindre 60°C en été et -10°C en hiver. Ces fluctuations de température peuvent nécessairement entraîner des problèmes, que nous pourrons éviter en enseignant à nos cursistes la bonne méthode. Je ne prétendrai pas que nous, en tant qu’enseignants, détenons la sagesse absolue, mais j’aimerais tout de même attirer l’attention des lecteurs de Polycaro sur quelques éléments auxquels nous accordons de l’attention lors de la formation."

Différents supports

"Je distinguerai ici les terrasses sur terre-plein et sur béton. ‘Quelle est la meilleure solution?’, me demandent généralement les cursistes. Ma réponse est toujours la même: ‘cela dépend de la situation’. Ils ne trouvent pas cela facile, et ça ne l'est pas. Mais c'est la vérité: chaque situation est différente et doit être examinée individuellement. Sur terre-plein, il importera également de savoir si le sol sous la terrasse est perméable (sol sablonneux/argile) ou non. Sinon, notre structure drainante n’aura aucun effet."

"En cas de dalle de béton, il importera que celle-ci ait été coulée en pente. Ici, j'ai également dû apprendre qu'il est très important que la chape ‘adhère’ à ce béton. Afin que la chape soit fixée à notre béton. Les fabricants de colle disposent tous d’un produit à cet effet. Comme alternative, le chapiste pourra également préparer un mélange d'eau et de ciment qu’il versera ensuite sur le béton dépoussiéré. Avant de couler immédiatement la chape par-dessus."

La colle (peigne à colle)

"Le choix du peigne à colle mérite également une attention particulière. A partir du format 60x60, j’utilise toujours un peigne de 12 mm. Il faut veiller à garantir un transfert à 100%. Ce ne sera certainement pas possible avec trop peu de colle. De plus, il importe également que les stries de colle sur le carreau et sur la chape soient réalisées dans le même sens, afin d'éviter la création d'une structure gaufrée.

Utiliser la colle à carrelage appropriée constituera aussi une évidence. Chaque fabricant de colle a ses spécialités et ses solutions pour telles ou telles situations de carrelage. Veillez à les consulter, à lire les instructions et les recommandations et à vous faire conseiller afin de faire le bon choix."

La largeur des joints

"Un sujet complexe. De nos jours, le client ou l'architecte veut que tout soit épuré et souhaite des joints de 2 mm, mais l'esthétique ne doit pas prévaloir sur la qualité. Des joints de 2 mm, cela se fait ou pas? C'est la même chose pour les joints de dilatation. On en fait ou pas? Une chose est sûre: la nature l'emporte toujours sur l'esthétique, souvent avec toutes les conséquences que cela peut impliquer.

J'ai également constaté que la colle à carrelage doit pouvoir faire son travail. Elle doit pouvoir achever totalement son processus de prise et durcissement et être protégée de l'humidité stagnante. Dans le cas d’une terrasse avec des joints minces (ce qui est plutôt déconseillé que recommandé) et des dalles de 80 x 80 par exemple, la colle éprouvera de grandes difficultés à se débarrasser de son humidité résiduelle. Heureusement, les fabricants de nattes de désolidarisation et drainage proposent des solutions et systèmes à cet effet, ce que l'on appelle la 'désolidarisation drainante passive'."

L’aménagement de terrasses mérite donc une attention particulière lors de la formation?

"Les cursistes qui ont déjà travaillé dans le bâtiment continuent souvent à carreler de manière très traditionnelle, alors que les colles d’aujourd'hui sont différentes de celles utilisées il y a 15 ans. Quand j'ai commencé, nous avions de la colle blanche et de la colle grise, divisée en colle ordinaire et supérieure (flex) ainsi que de la colle en pot (pâte)." Attention: les colles en pot ne sont absolument pas appropriées pour poser des revêtements de sol, et encore moins des carrelages extérieurs! (ndlr.)

"Les carreaux de sol ont eux aussi énormément évolué. Les colles et coulis de jointoiement ne pouvaient dès lors pas rester à la traîne et se déclinent désormais en une gamme permettant de satisfaire à toutes les applications. C’est pourquoi, en tant qu'instructeurs, nous suivons régulièrement des formations complémentaires pour rester à jour."

"Nous nous exerçons dans notre local de travail, jusqu’à l’obtention du résultat souhaité. C'est une question de finition, de vitesse, mais aussi d'ordre et de ponctualité."