Aménager des terrasses durables sur plots
Supports
Un bon support constitue la garantie d’un espace récréatif extérieur durable. Mais qu’entend-t-on par un “bon support”? On distingue deux sortes de supports.
- Les supports porteurs: roche, sol sablonneux sable et compact, argile solide.
- Les supports non-porteurs: terre meuble, argile plastique, développement racinaire, limon ou tourbe, marécages…
Cela correspond un peu à la fondation stabilisée d’une maison. Il faudra prendre des mesures pour éviter que les couches inférieures ne bougent ou ne s’affaissent. A l’instar des maisons sur pilotis, on trouve aussi, surtout chez nos voisins néerlandais, des terrasses soutenues par des poteaux afin de réduire au minimum l’éventuelle instabilité. Evidemment, cela a aussi son prix…
Les terrasses: généralités
On distingue encore et toujours trois types de terrasses:
- La terrasse de jardin sur terre-plein, jouxtant ou non la maison.
- Le balcon-terrasse à hauteur d’étage. Il existe des balcons de type continu et de type individuel. Le type continu court sur toute la longueur du bâtiment et peut être partagé par plusieurs appartements.
- La toiture-terrasse, une structure généralement située au sommet du bâtiment, qui fait office d’une partie de toit plat pour l’étage sous-jacent et, d’autre part, de zone récréative par beau temps.
Cette structure peut être accessible via une ou plusieurs pièces du bâtiment. L’échange de chaleur (rosée) constitue ici une donnée importante. Vu qu’un tel sol se situera généralement au-dessus d’une pièce chauffée, celle-ci sera soumise à des fluctuations de température. L’isolation du bouclier du toit devra par conséquent se trouver le plus près possible de la couche de carrelages de sol afin d’exclure la formation de condensation et d’éventuels ponts thermiques. Un bon drainage revêt toujours une importance cruciale pour une longue durée de vie de la terrasse, mais doit aussi empêcher d’éventuelles infiltrations d’eau dans les couches étanches à l’eau sous-jacentes. Pour les toitures-terrasses, la couverture sera généralement constituée d’un roofing incliné ou d’une membrane EPDM (barrière d’étanchéité) relevée. Des charges diffuses constituent donc le mot d’ordre pour éviter d’endommager cette couche protectrice.
L’eau, ce poison…
Le soleil pointe à nouveau le bout de son nez, la saison des terrasses frappe enfin à la porte. Après les pluies extrêmes et les fluctuations de température des derniers mois, les dieux du printemps sont de retour pour aménager des allées, sentiers et terrasses de jardin sous des conditions normales (taux d’humidité, température, etc.).
Le fait qu’une belle terrasse jouxtant ou cernant la maison peut faire une grande différence au niveau esthétique ne souffre aucune discussion. On dégagera dès lors régulièrement des budgets importants (lisez: parfois colossaux) pour mettre en évidence la valeur ajoutée de la maison. Mais pour de nombreuses terrasses hélas, la vie sera de courte durée et des dégradations feront régulièrement leur apparition. Leur cause? Une mauvaise préparation, un carrelage inapproprié, une méthode de pose erronée, une finition douteuse, une pente insuffisante…
Pour réaliser une terrasse, le choix du carrelage, la méthode de pose et l’évacuation de l’eau feront partie des principaux facteurs auxquels il conviendra d’accorder toute son attention. Mais l’eau de pluie tentera toutefois souvent de se frayer un chemin entre deux dalles ou carreaux (lisez: via les joints), jusqu’à l’endroit où prendra fin la capillarité des couches sous-jacentes. L’accumulation d’humidité entraînera inévitablement en hiver des tensions de dilatation et des poussées, surtout par temps de gel, ainsi que des tensions dues à la pression de la vapeur d’eau en été sous l’échauffement par le soleil. Il nous faut également encore tenir compte des phénomènes de retrait et dilatation de toutes les couches structurelles qui pourront se manifester rien qu’en raison des différences de température (jour/nuit). Il faudra donc tenir compte d’éventuels chocs hygrothermiques, également en fonction de la couleur choisie pour le carrelage de terrasse. Des dalles ou carreaux foncés (de couleur anthracite, par exemple) absorberont en effet beaucoup plus de chaleur que les surfaces plus claires (de couleur gris clair ou beige, par exemple)!
Carrelage extérieur non-adhérent
Depuis déjà longtemps, les poses fastidieuses sur sacs de mortier d’antan n’offrent plus la solution idéale. Tôt ou tard, du jeu se produira sur les sacs de congélation remplis de sable stabilisé et les dalles pourront présenter un léger fluage avec le temps. Les bacs et divers accessoires connexes à remplir de sable stabilisé peuvent par exemple s’avérer d’une grande aide, mais nous nous sommes surtout penchés sur d’autres systèmes sophistiqués.
Outre la pose désolidarisée sur du gravier ou d’autres couches drainantes portantes similaires, les revêtements de sol non-adhérents constituent une bonne solution pour réduire et voire même totalement exclure les phénomènes de pression d’eau et de vapeur. Sur le marché sont disponibles des systèmes de pose stables et réglables qui, non seulement simplifient le travail du carreleur, mais qui permettent aussi d’utiliser des formats plus grands et plus lourds comme revêtement de qualité. Grâce à la pose sur plots, l’eau ne stagnera en effet jamais (sauf dans les cas exceptionnels sur le carrelage lui-même si celui-ci a été réalisé trop ‘de niveau’). Avec de tels systèmes de construction, les joints resteront ouverts et l’eau de pluie sera directement évacuée via une couche creuse étanche à l’eau sous-jacente disposée selon une pente suffisante.
La pose sur plots offre encore d’autres avantages: contrairement à une pose collée avec des joints remplis, il n’y aura pas de risque de fissure parce qu’il n’y aura pas de tensions entre les dalles ou carreaux ni entre leur face de pose et le mortier (-colle). Les efflorescences ou dépôts calcaires dans le cas des dalles en pierre naturelle seront également réduits au minimum. Un contrôle des conduits ou câbles éventuels pourra aussi s’effectuer en toute simplicité en retirant une ou plusieurs dalles au moyen d’une simple ventouse. En outre, les dalles ou carreaux pourront éventuellement être réutilisés plus tard.
Quels carrelages sont appropriés pour la terrasse?
On distingue trois sortes de carrelages pour réaliser des terrasse, en tenant compte des caractéristiques techniques, parmi lesquelles la résistance à la flexion et à la rupture ainsi que la résistance au gel du matériau proprement dit:
- dalles de ciment ou béton
- dalles de pierre naturelle
- carreaux céramiques compacts
En général, on n’optera surtout pas pour des sols de terrasse noirs (absorption de chaleur) et les dalles ou carreaux auront de préférence un format réduit et adapté afin de limiter notamment les dilatations thermiques et les risques de dégâts. C’est pourquoi on se rabattra de préférence sur des dimensions pas trop grandes. De plus, les dalles ou carreaux devront présenter une épaisseur suffisante pour assurer la résistance au bris et donc garantir la sécurité en cas de poses extérieures ‘flottantes’. Cela peut paraître évident, mais on tiendra souvent insuffisamment compte de la résistance à la glissance de la surface des dalles ou carreaux. Lors de l’aménagement d’une terrasse privée, par exemple, une valeur R de minimum 10 (test d’inclinaison sous un angle de 10 à 19°) sera fortement recommandée. Des surfaces lisses seront par conséquent exclues vu qu’au moindre contact avec de l’humidité le risque de glisser sera trop élevé.
Tableau angles d'inclinaison R
Classe-R | Angle d'inclinaison |
R9 | 3° - 10° |
R10 | 10° - 19° |
R11 | 19° - 27° |
R12 | 27° - 35° |
R13 | > 35° |
Le caractère approprié d’une dalle ou carreau pour la pose sur plots dépendra du type approprié, du format et de l’épaisseur respective. Dans la pratique, on se basera généralement sur une épaisseur minimale entre 3 et 6 cm pour les dalles de béton (en fonction de leurs dimensions), minimum 2 cm pour les carreaux céramiques, ainsi que 3 à 4 cm pour la pierre naturelle (en fonction de la variété et de la texture). Il est ici conseillé de toujours bien s’informer auprès du fournisseur/conseiller, vu que le CSTC, par prudence, limite les formats des dalles sur plots à 90 x 90 cm. Pourtant, des systèmes innovants avec des lattes transversales, par exemple, permettent déjà d’appliquer de plus grands formats.
Méthode de travail correcte
La mise de niveau minutieuse de toute la structure s’effectuera en premier lieu en vue d’exécuter et/ou adapter une sous-structure stable qui devra de préférence être posée avec une pente de 2%. L’attention se focalisera non seulement sur la détermination du niveau de parachèvement final avec une pente de généralement 1,5% (en fonction de la structure de la surface supérieure du carrelage), mais aussi sur le calcul du nombre de plots nécessaires qui sont disponibles en divers types sur le marché. Cela prendra évidemment un certain temps de préparation. Il existe en effet différents types de plots réglables avec diverses hauteurs maximales pour, outre assurer la pente nécessaire, également compenser les grandes ou petites irrégularités du support. Un correcteur de pente ou régulateur de planéité spécifique permettra à l’exécutant de réguler ou corriger facilement les irrégularités pouvant encore survenir dans le support.
Une large série d’accessoires de fixation, tels que plaquettes de la largeur des joints et cales en caoutchouc pour absorber les chocs, permettant de compenser les éventuelles différences d’épaisseur des dalles à poser, fait également partie des outils pour permettre un déroulement rapide des travaux de pose. Des embouts pour le montage de lattes transversales sont également disponibles, notamment pour pouvoir poser des dalles plus grandes et asymétriques de façon plus aisée et plus sûre.
En commençant par positionner une règle de carreleur en aluminium dont les extrémités seront reliées par un fin cordeau de maçon, et en recourant à un niveau électronique et/ou à un laser, vous pourrez déterminer la première rangée de référence. Il sera préférable de suivre minutieusement les directives d’exécution spécifiques du fabricant pour exclure les problèmes de garantie a posteriori.
Enfin, voici encore un conseil en or pour l’exécutant en cas de différences d’épaisseur possibles entre les dalles (de pierre naturelle): triez et commencez toujours par sortir la dalle la plus épaisse de la caisse pour démarrer!
Entretien
Surtout dans un environnement auréolé de verdure, certaines dalles auront tendance à se souiller avec le temps. Mais sous les dalles également, le risque de salissures et de présence de vermine sera également bien réel à terme. Un entretien régulier constituera cependant la base d’un carrelage propre et durablement esthétique. Les dalles sur plots pourront en effet être retirées puis replacées très facilement pour contrôler l’espace sous-jacent, pour procéder à l’entretien ou à des réparations là où cela s’avère nécessaire, éventuellement pour procéder à des débouchages et/ou à des travaux de nettoyage. Vous pourrez facilement vous procurer des produits d’entretien appropriés dans les commerces spécialisés. Un entretien régulier garantira indubitablement un carrelage de terrasse durable…
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