La largeur des joints: le choix de la technique ou de l'esthétique?
Quelle est la fonction des joints?
Peut-on prescrire un joint marbrier pour la finition des carreaux de plus en plus grands et quelle doit être la largeur moyenne des joints? Avant de répondre à cette question, résumons d'abord les raisons pour lesquelles un joint doit assurer la liaison entre les carreaux.
La fonction la plus logique est qu’il faut combler les ouvertures entre les carreaux. En général, on choisira une couleur de mortier de jointoiement contrastant avec les carreaux ou on tentera de se rapprocher le plus possible de la tonalité de ces derniers. Soit une fonction esthétique. À côté de cela, le joint pourra aussi camoufler les éventuels défauts des matériaux utilisés. Les joints entraîneront généralement une adhérence supplémentaire entre les carreaux. Ils pourront être hydrofuges et antisalissures, résistants aux rayons UV, antidérapants et résistants à l'usure, mais la fonction première des joints consiste à répartir les tensions dans la surface du carrelage. Et c'est là que le bât blesse.
Que dit la littérature professionnelle?
Nous pouvons heureusement compter sur le CSTC et, si nécessaire, consulter ses NIT et dossiers bien connus.
Au chapitre ‘Joints’ du dossier 2015/2.11 du CSTC, on peut lire:
"Plus les carreaux sont grands, moins la surface carrelée présentera de joints. Il est toutefois évident que tous les joints de structure présents dans le support doivent être prolongés dans le dallage (voir Infofiche 46 [7]). La largeur de ces derniers doit au moins être équivalente au double de la tolérance sur les dimensions des carreaux, avec un minimum de 3 mm. Enfin, il est recommandé d’utiliser un mortier de jointoiement de type CG2, adapté selon sa fiche technique à ce champ d’application."
En outre, Polycaro a pu jeter un œil à la version préliminaire récemment mise à jour des nouvelles directives pour carreaux XXL, qui recommandent également un joint de mastic d'au moins 3 mm de large. Ces nouvelles directives comportent un exemple intéressant dont nous vous faisons profiter ci-dessous en exclusivité totale.
Un exemple pratique intéressant
Contexte
Il faut poser un carreau de sol céramique grand format aux dimensions de 1,00 x 3,00 m.
L'augmentation maximale de la température escomptée dans la structure du sol est de +30°C (= +30 Kelvin).
Question
Quelle est la variation de longueur (Δ L) du long côté de ce carreau, en supposant un coefficient de dilatation linéaire de la céramique (α céramique) = 7,0 x 10-6 mètres/(mètres x Kelvin).
Solution
La variation de longueur (Δ L) du long côté équivaut à:
Δ L = [la longueur initiale du carreau] x [coefficient de dilatation linéaire du carreau] x [variation de température du carreau].
= 3,00 mètres x 7,0 x 10-6 mètres/(mètres x Kelvin) x 30 Kelvin
= 630 x 10-6 m
= 0,000630 m
Unités de contrôle: [mètre] x [mètre] x [Kelvin]
--------------------------------------
[mètre] x [Kelvin]
Réponse
L'allongement horizontal du long côté de ce carreau est de 0,000630 mètre (ou 0,63 millimètre).
Question supplémentaire
Quelle largeur de joint en mastic élastique faut-il donner à ce joint pour absorber l'allongement de 0,63 mm, lorsqu’on utilise un joint en silicone de qualité doté d’une élasticité de 25% (possibilité de tassement horizontal)?
Solution
La largeur minimale du joint = "B"
‘B’ x 25% doit être d'au moins 0,63 mm.
‘B’ x ¼ ≥ 0,63 mm
‘B’ ≥ 0,63 mm x 4
‘B’ ≥ 2,52 mm
En arrondissant, il faut donc prévoir un joint de mastic de 3 mm pour pouvoir compenser cet allongement.
Bon conseil
Si vous voulez livrer un carrelage sans risque de formation de fissures, non seulement les aspects esthétiques mais aussi les données techniques revêtiront une importance capitale pour garantir sa durabilité. Les joints de dilatation, parfois aussi appelés joints de mouvement, doivent toujours être repris directement au-dessus des joints dans la chape et doivent aussi être suffisamment larges. Il faut normalement prévoir des joints de fractionnement tous les 50 m² et tous les 8 mc. Et de préférence tous les 36 m² et 6 mc en cas de chauffage par le sol, même si dans certains cas, les surfaces de sol pourront être plus importantes (voir les NIT du CSTC concernées).
L’infofiche 59 (09/2012) du CSTC stipule: "Les joints de dilatation doivent être appliqués de manière continue (sans décalage) dans le complexe carrelage/chape. Il convient d'éviter le plus possible que les joints de dilatation ne croisent les tuyaux de chauffage au sol. Il importe de convenir du positionnement des joints de mouvement au préalable, en accord avec toutes les parties concernées (maître d'ouvrage, architecte, installateur du chauffage par le sol, chapiste et carreleur). La largeur des joints de fractionnement ou de mouvement doit en fait être équivalente à 4 à 5 fois le mouvement prévu de la surface du sol. (source: CSTC NIT 179)
Le mouvement anticipé du revêtement de sol est égal à la dilatation thermique potentielle, qui se calcule au moyen de la formule suivante: L.α.ΔT. L.α.ΔT. avec L = la longueur du plan de sol, α = le coefficient de dilatation thermique de la chape ou du revêtement de sol (la plus grande valeur des deux) et ΔT la différence de température pouvant se produire dans le sol. Finalement, on arrive souvent à des valeurs comprises entre 7 et 12 mm. Ces largeurs ont cependant été calculées avec une marge de sécurité, mais avec une certaine restriction dans la pratique, où l'on considère généralement un minimum de ± 5 mm comme critère.
Réaliser des joints de bonne largeur aux bons endroits revêt donc une importance capitale.
Enfin, voici le bon conseil d'un vieux serviteur: consultez régulièrement le conseiller technique de votre fabricant et respectez toujours les directives du CSTC, car elles ont surtout été élaborées pour protéger nos collègues carreleurs.
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