Carrelage de mauvaise qualité ou mauvais coupe-carreaux?
1. L’outillage
Tout d'abord, il faut clairement faire la distinction entre ‘couper’ et ‘scier’. Contrairement au sciage à sec ou sous eau des carreaux à l'aide d'une scie sur table ou d'une meuleuse portative, nous aborderons ici uniquement les ‘techniques de coupe’ manuelles sans poussière.
Si le carreau coupé ne se casse pas correctement, on commencera par contrôler l'outillage. Il convient en premier d’utiliser l’outil adéquat. L'outil de coupe doit être de bonne qualité, en bon état et, surtout, bien entretenu. Un coupe-carreaux d'une force de 1200 kg, comme le TX-MAX de RUBI par exemple, constituera un outil idéal pour briser des carreaux céramiques durs et épais.
Différentes molettes (d’un diamètre par exemple de 8, 12 ou 22 mm) pourront être changées en une fraction de seconde. Mais même un tel appareil a ses limites et il sera parfois nécessaire de passer à un modèle plus lourd pour casser des carreaux durs de plus de 2 cm d'épaisseur, par exemple. Certains systèmes de coupe avec règle, comme le produit ‘Flash Line 3’ de Montolit, sont également équipés d'un système pratique de changement de molette à trois positions différentes pour découper les carreaux grands formats (XXL et SL). Tous ces dispositifs ingénieux sont très fonctionnels et, en fonction de la couche supérieure et de la structure superficielle du carreau, pourront parfaitement s’utiliser pour obtenir une coupe nette.
Nous vous proposons ci-après 7 exemples de cassure défectueuse d'un carreau céramique consécutive à une mauvaise utilisation de l'outil:
- Des résidus céramiques (morceaux ou fragments minuscules) sous ou entre les séparateurs, empêchant ceux-ci de se déplacer librement vers le bas lors du mouvement de poussée.
- Présence de copeaux de céramique sur les séparateurs, empêchant de poser le carreau correctement. Il arrive très fréquemment que de petits copeaux de céramique se retrouvent sur les plaques de poussée. Il faudra toujours les retirer avant de procéder à la découpe!
- Une molette trop émoussée qui, évidemment, ne rayera pas le carreau assez finement et surtout pas assez profondément.
- Une molette qui n’avance pas de façon parfaitement droite, c'est-à-dire une molette inclinée d’une manière ou d’une autre dans le support.
- Du jeu au niveau du (des) guide(s) ou de la poignée.
- Un léger jeu ou blocage de la molette. Dans ce dernier cas, huiler l’arbre pourra constituer une solution simple. Une molette qui grince perdra quoi qu’il en soit de sa force de coupe.
- Un (des) guide(s) souillé(s), ne permettant plus un mouvement de coupe fluide.
Super conseil!
Pour entretenir la plupart des modèles de coupe-carreaux à paliers lisses, il faut d'abord (après un usage intensif) appliquer quelques gouttes d'huile fine sur les barres de guidage, puis utiliser le mécanisme de coupe pour répartir l'huile uniformément sur le ‘logement du guide’ et dissoudre la saleté. La meilleure façon de répandre l'huile consistera à déplacer le mécanisme de coupe d'avant en arrière sur les guides à plusieurs reprises sur toute la longueur de votre coupe-carreaux. Une fois la saleté détachée, utilisez un chiffon sec pour éliminer tous les résidus de saleté et d’huile visibles des barres de guidage. Dans la plupart des cas, il restera tout de même encore suffisamment d'huile pour garantir une lubrification parfaite, mais vous pourrez toujours rajouter un peu d’huile supplémentaire si vous le jugez nécessaire
Lubrifier régulièrement les barres de guidage revêtira ici une grande importance. En principe, les coupe-carreaux équipés de roulements à billes fermés ne nécessitent plus de lubrification, contrairement à ceux équipés de douilles coulissantes ou de têtes coulissantes ‘ouvertes’. Mais, il y a un ‘mais’! La poussière sur votre table à découper et surtout sur le système coulissant pourra être très abrasive, ce qui entraînera par conséquent un effet de raideur lors de chaque mouvement de coupe. L'utilisation de n'importe quel lubrifiant ou d'une quantité excessive d'une huile de lubrification moins appropriée pourra à nouveau ralentir et même bloquer plus fréquemment les mouvements coulissants à court terme, avec toutes les conséquences gênantes que cela peut impliquer. L'huile ‘pour machine à coudre’ sans solvant serait ici la meilleure option durable pour favoriser la souplesse des mouvements coulissants du mécanisme de coupe.
2. La technique de coupe
Il convient tout d'abord de placer votre coupe-carreaux sur un support stable. Pour des travaux de coupe confortables, il sera préférable de placer votre table à découper à hauteur de travail. "Pendant la découpe, un carreau ne doit pas laisser échapper de fausse note", entend-t-on régulièrement.
"S’il chante comme une lyre lorsque vous le rayez avec la molette, vous pouvez être sûr à 99% que le carreau se brisera parfaitement. En effet, si vous entendez plutôt un bruit de grincement pendant le mouvement de coupe, ce sera souvent le signe que vous avez peut-être appliqué une pression trop forte. Le trait de coupe ne sera alors pas aussi net. Certains carreleurs ont souvent tendance à pousser trop fort sur le levier pendant le mouvement de poussée ou de traction, alors que cela n'est pas nécessaire. Pour les modèles réglables, veillez en outre à ce que le levier se situe à une hauteur de poussée pratique. Sur certains coupe-carreaux, vous pourrez parfaitement régler la hauteur en tournant le levier.
Les mouvements suivants pourront nuire à une coupe nette:
Un mouvement trop rapide ou trop lent
En coupant trop vite, il arrivera régulièrement que la molette n’ait pas le temps de rayer la surface du carreau à la profondeur souhaitée. Si la rayure est trop peu profonde, il sera très probable que la cassure ne suive pas la ligne de coupe et cherche sa propre voie (parfois en zigzag). Si, par contre, vous coupez avec un mouvement trop lent, vous risquez d'enfoncer la molette trop profondément dans la couche supérieure, de telle sorte que la ligne de cassure présentera un aspect dentelé.
Une coupe trop peu soigneuse
Une coupe bâclée signifie une coupe avec à-coups, trop lente et trop rapide et/ou avec une pression trop forte et trop faible. En d'autres termes: irrégulière. Il y aura dès lors un risque que le résultat de coupe et de rupture souhaité soit insuffisant. Le trait de coupe le plus net s’obtiendra donc le plus facilement en poussant la molette sur le carreau à une vitesse constante et avec la pression appropriée. Dans certains cas, il suffira seulement de caresser la surface du carreau, pour ainsi dire. Les carreleurs expérimentés pourront déjà prédire au feeling si le carreau se brisera parfaitement ou non.
Sauter des parties pendant l'opération de coupe
Si vous ne touchez pas le bord du carreau avec la molette lorsque vous commencez à couper, ou si le profil ou le relief du carreau est si profond qu'il empêche de rayer une petite partie du profil inférieur, le carreau se brisera très probablement à cet endroit de manière non-désirée.
3. Le carreau
Lorsque la faute n’est pas imputable à l’outil ni à la méthode de coupe, il ne reste qu'une seule autre cause possible: le carreau proprement dit. Nous pensons ici aux carreaux difficiles à couper, comme les carreaux résultant d’une cuisson très élevée ou les modèles innovants plus épais, de 20 et 30 mm. Pour la plupart des carreaux qui ne se brisent pas correctement, la cause principale sera liée à la tension interne. Mais il existe aussi d'autres cas spécifiques, où la masse inférieure ou moyenne sera plus dure que la couche supérieure. En cas de tension interne trop élevée dans le carreau, il sera pratiquement impossible de le couper droit. Même en passant à la scie à eau, certains modèles resteront très difficiles à couper.
Dans l'état actuel des connaissances, la tension interne résulte d’un refroidissement trop rapide pendant le processus de cuisson. Une phase importante du processus de cuisson se produit aux alentours de 600°C (soit environ 50% de la chaleur nécessaire pour cuire un carreau céramique. Ce que l’on appelle le ‘saut du quartz’ dans le jargon des fabricants. Les cristaux de quartz commencent à se reformer et le quartz alpha devient du quartz bêta. Cette modification chimique de la composition de l'argile s'accompagne d'une dilatation soudaine de l'argile jusqu'à environ 1%. Lors du refroidissement, l'inverse se produit. Le changement de volume soudain qui se produit à ce moment-là dans une argile frittée ou vitrifiée cuite à haute température peut entraîner des tensions considérables dans les masses d'argile déjà durcies. C’est peut-être très technique, mais c’est un fait. En raison de cette tension interne, le carreau suivra inévitablement, lors de la rupture, ses propres lignes de force dans la masse sous la couche supérieure.
La conclusion de l’expert
Est-ce qu'il existe une solution pour casser ces carreaux récalcitrants bien droit? Assurément! Vous pourrez utiliser un diamètre ou un modèle de molette différent, ou les couper à sec ou sous eau avec une lame de scie différente. Nous vous entendons déjà dire: "est-ce à nous, carreleurs, de chercher quelle molette ou lame de scie utiliser pour couper et casser parfaitement un carreau récalcitrant?"
La réponse est, malheureusement, oui. Parce que personne (pas même le producteur concerné) ne pourra savoir à l'avance comment le carreau se comportera lorsque vous le ‘travaillerez’. Mais il y a une solution. Même si l’on prétend qu’il ne faut rayer qu’une seule fois le trait de coupe, repassez tout de même plusieurs fois sur celui-ci. Votre molette s'usera certes un peu plus vite et les bords des carreaux ne seront peut-être plus impeccables (aspect dentelé), mais dans la plupart des cas, cela sera encore et toujours moins coûteux que le sciage diamanté.
Et si cette dernière solution ne fonctionne pas, demandez à un expert technique ou à un conseiller du fabricant de vous aider.
Vous pouvez naturellement toujours continuer à expérimenter, en vue de pouvoir/vouloir partager vos connaissances avec vos collègues, mais hélas, l’adage ‘Le temps, c'est de l'argent’ jouera ici indubitablement un rôle dissuasif. Pouvons-nous encore vous donner un dernier conseil? Travaillez les carreaux à une température supérieure à 5°C et de préférence inférieure à 25°C, car c'est à ces températures qu’ils se comporteront le mieux.
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