Dégâts dans la douche: l'eau ne s’écoule pas toujours là où elle est censée s’écouler...
Les types de douches, les définitions
Il existe différents types de douches. Des receveurs fixes et cabines préfabriquées aux réalisations propres. Les douches peuvent être classées en fonction de leur structure et de leur design. Nous distinguons ici 5 types différents:
1. Douches enfouies
Il s'agit de douches situées plus bas que le niveau du sol (accessibles via une marche).
2. Douches avec muret
Un muret ou un profilé empêche les éventuels débordements d'eau. Les douches communes des complexes sportifs, directement reliées aux vestiaires, en constituent un bel exemple.
3. Douches surélevées
Le receveur de douche est ici situé plus haut que le niveau du sol.
4. Douches passages
Douches dans lesquelles il est possible d’entrer par deux entrées opposées. Il s'agit généralement de cellules de douche qui relient deux chambres. Ce type de douche peut également permettre un accès de deux côtés dans un seul et même espace de salle de bains.
5. Douches à l'italienne
Ces douches sont devenues très populaires ces dernières années car il n'y a pas de différence de niveau pouvant gêner l’accès. Ce type de douche peut être réalisé partout dans la salle de bains, avec ou sans parois de séparation opaques. Il s’agit de la solution idéale pour les personnes en fauteuil roulant.
Si le carrelage mural est exposé à l'eau, il faudra prendre les mesures nécessaires pour prévenir d’éventuels dégâts (des eaux), en tenant compte de la fréquence d'humidification et de la pression de l'eau qui, de nos jours, peut éventuellement être puissante. Il faut également éviter la dégradation des joints par des têtes de douche à haute pression. Un tableau du CSTC (le Centre Scientifique et Technique de la Construction) émet une distinction entre les charges de service en cas d’exposition à la pression de l'eau. Cette classification peut être consultée dans la NIT (Note d’Information Technique) N° 227. Il est donc très important dans tous les cas d'assurer l'étanchéité directement derrière les carreaux et de sceller les raccords jusque dans les moindres détails.
Mission de l'expert judiciaire
Dans ce cas, il s’agissait d’une cellule de douche moderne pour laquelle de l'humidité avait été constatée dans la pièce adjacente. En décrivant la structure possible, le maître d’ouvrage a signalé qu’un système de chauffage par le sol était présent sous le sol de la douche. Les murs chauffants gagnent de plus en plus en popularité, mais les sols chauffants sont moins courants.
L'expert judiciaire en la matière a organisé une réunion avec les différentes parties concernées: le maître d’ouvrage, son avocat et son expert technique, le carreleur avec son avocat et son représentant technique, ainsi que le courtier en assurances du propriétaire à prendre connaissance des dossiers (informations et échanges de correspondance entre les parties), et à inviter toutes les personnes concernées à se rendre sur le lieu en question à une date et heure déterminées.
Après avoir entendu toutes les parties, il a pour mission d’essayer de trouver un terrain de conciliation, de procéder à l’étude du cas, d'identifier les défauts, de décrire les anomalies et de déterminer le lien de causalité. Une solution possible doit toujours être proposée et la méthode pour y parvenir doit être recommandée. Il peut également établir un budget pour les coûts globaux et procéder à une estimation pour les éventuels travaux de réparation si cette possibilité existe.
Dans le pire des cas, l'expert pourra ordonner de tout démolir et de recommencer les travaux de carrelage.
Visite contradictoire
Le déroulement d'une expertise doit être consigné clairement et sans équivoque dans un rapport. Une visite avec toutes les parties (également appelée "descente sur les lieux" en termes juridiques) s’avère dès lors nécessaire pour permettre de discuter et de se concerter sur place concernant les anomalies découvertes et effectivement constatées visuellement.
Une douche qui fuit soulèvera généralement beaucoup de questions, différents entrepreneurs pouvant ici être responsables. Dans ce cas, outre le carreleur, il pourrait également s'agir de l'installateur du chauffage par le sol, du chapiste ou du plombier.
A la situation elle-même
Selon les informations fournies par le carreleur, la cellule de douche en question reposerait sur une chape de sable/ciment, qu’il a lui-même réalisée sur des éléments de chauffage par le sol traditionnels. Les parois adjacentes sont constituées d’un enduit au ciment. Un plan d'installation de la structure du plancher sous-jacent a été remis à l'expert, afin de localiser les circuits de chauffage.
Pour assurer l’étanchéité de la cellule de douche a été utilisée une natte en polyéthylène étanche (1) qui a été raccordée à un caniveau de douche en inox ‘nu’. Au sol ont été collés des carreaux céramiques rectifiés de 60 cm x 60 cm (2) tandis qu’au mur ont été collés des carreaux 30/60 du même type, de la même couleur et tonalité (3). Lors du sondage, le carreleur estimait qu'il n'avait pas commis d'erreur et qu'il avait réalisé les travaux de carrelage dans les règles de l'art et selon la bonne déontologie.
Le propriétaire, par contre, incriminait officiellement l'entrepreneur exécutant et voulait une solution pour les dégâts causés par l'humidité ainsi qu'une réparation complète. Le moment était donc venu de procéder à l’étude pratique sous la direction de l'expert judiciaire, pour finalement désigner le ou les responsables du problème d'humidité.
Étude destructive était nécessaire
Dans le cas présent, il avait été convenu que le carreleur de service apporterait avec lui l'équipement nécessaire pour retirer certains carreaux afin de contrôler les couches sous-jacentes.
En sachant qu'aucune fuite n'avait été détectée lors d'un contrôle de détection d'humidité préalable au niveau des conduits et des évacuations, quelques carreaux ont été soigneusement retirés tant au sol qu’au mur à l’endroit où avait été mesuré le taux d’humidité résiduelle le plus élevé à proximité du caniveau. Ce qui a permis de procéder aux constatations nécessaires.
Différentes anomalies visibles ont par conséquent été remises en question, parmi lesquelles:
1. L'absence de joints souples
Le raccord sol/mur avait été ‘figé’ avec un mortier de jointoiement au ciment. La question s'est également posée de savoir si le joint de dilatation de la chape (selon le plan disponible) avait également été repris dans le sol. Sur base du plan du chauffage par le sol, on a pu constater qu'il manquait effectivement un joint de dilatation. La première ‘grosse erreur’ était avérée!
2. Un faible transfert de la colle à carrelage
Une fois retirés, tant la membrane d'étanchéité que les carreaux eux-mêmes présentaient clairement des stries de colle durcies mais tout autant des canaux ouverts. On peut en déduire qu'il y a peut-être eu 50% de contact entre la colle à carrelage et le support et que la technique de double encollage n'a certainement pas été appliquée. En circonstances normales, un taux de collage en plein de 70% minimum est requis.
Dans une cellule de douche, aspirer à une surface de contact de 100% ne sera donc pas du luxe. Pour ce faire, il faut appliquer strictement la méthode glisser-comprimer, avec un peigne à colle suffisamment grand et, évidemment, la colle à carrelage appropriée. Dans ce domaine, il sera toujours nécessaire de se faire conseiller par le fabricant et le choix de l'adhésif dépendra fortement des conditions de travail ainsi que des matériaux à utiliser sur un support bien déterminé.
3. L'absence de pièces d'angle étanches
Des angles intérieurs préfabriqués en matière plastique ainsi que des bandes d’étanchéité empêcheront les infiltrations d’eau. Ils peuvent être multifonctionnels et absorber les tensions, et certains types peuvent, dans une mesure limitée, absorber les mouvements de glissement latéral. Les angles auto-pliés dans le cas présent ont clairement entraîné une désolidarisation et des infiltrations d'eau, surtout au niveau des incisions effectuées par le carreleur lui-même avec son cutter.
4. Le raccord douteux de la membrane d'étanchéité en polyéthylène (4)
Il existe en principe deux bonnes manières d’étanchéifier les raccords. D'une part, on peut placer les membranes d’étanchéité côte à côte et, si nécessaire, étanchéifier le raccord avec une bande de chevauchement. D'autre part, on peut les faire se chevaucher d’au moins 5 cm, de telle sorte que l'eau ne puisse jamais s'écouler entre les deux couches en cas de désolidarisation. Dans le cas présent, les chevauchements avaient été collés sur seulement un centimètre avec de la colle à carrelage ordinaire, de sorte que l'eau a pu se frayer un chemin via la capillarité de la colle à carrelage et les canaux présents dans la colle.
5. L’absence de raccord sur le bord du caniveau, en acier inoxydable (5)
Le carreleur de service avait pris lui-même l'initiative de raccorder son étanchéité de contact au bord du caniveau au moyen d’un joint MS polymère (6) + (7). Cependant, il avait oublié un prétraitement important: le dégraissage et, en particulier, le pré-ponçage de l'acier inoxydable. Cette dernière opération est très importante pour assurer l'adhérence avec une membrane d'étanchéité en polyéthylène.
Mais, quoi qu’il en soit, il s’agit d’une grande responsabilité de la part du carreleur. Il aurait été préférable d'installer un caniveau avec une bride ou un rabat étanche prémonté par le fabricant lui-même. Cela réduit en effet les risques car le raccordement pourra s’effectuer avec davantage de sécurité et, après un montage correct, presque assurément exclure les fuites d'eau à long terme.
Le risque que le carreleur commette une erreur sera ainsi minime voire inexistant, il évitera de telles expertises, il pourra dormir sur ses deux oreilles, et l’eau de la douche s’écoulera là où elle est censée s’écouler...
Explication des chiffres
(1) Quels sont les possibilités les plus courantes pour rendre une cellule de douche étanche?
Outre l'utilisation d’une étanchéité de contact en polyéthylène, de nombreuses alternatives courantes sont disponibles sur le marché:
- Panneaux de construction cimentés avec âme en polystyrène: expansé (Lux Elements, par exemple) ou extrudé (IS0X, par exemple).
- Etanchéité liquide, notamment au moyen de pâtes simples à enduire.
(2) Quelle est la différence entre un carreau céramique rectifié et un carreau céramique calibré?
Un carreau calibrée sera trié sur base de son format en fonction du retrait final subi après la cuisson. Certains carreaux présenteront un retrait plus ou moins important que d’autres et seront triés fonction de ce retrait. Les carreaux calibrés peuvent toujours présenter un très petit écart dimensionnel (tolérance autorisée).
Un carreau céramique rectifié, par contre, présentera un format parfait. Les bords de tous les carreaux seront polis par après afin qu'ils présentent parfaitement les mêmes dimensions et puissent être posés avec un joint fin.
(3) Quelle est la différence entre la couleur et la tonalité d'un carreau?
La tonalité ou la nuance d'un carreau peut varier en fonction du ‘bain’ dans lequel celui-ci a été produit. Chaque ‘charge’ ou série aura la même couleur, mais la nuance sera sans doute légèrement différente. Elle pourra être de teinte plus ou moins foncée.
(4) Qu'est-ce que le polyéthylène?
Le polyéthylène est un polymère largement utilisé - voir (6). Ce matériau possède une résistance électrique élevée, ce qui signifie que le PE n'est pas conducteur. Le polyéthylène (ou polyéthène) est un isolant et, sous forme de granulés, n'absorbe pratiquement pas d'eau. En combinaison avec d'autres fibres synthétiques, il permet de produire des membranes étanches.
(5) Qu'est-ce que l'acier inoxydable?
L'acier inoxydable est aussi désigné par le terme inox. Il s'agit d'un alliage composé principalement de fer, de chrome, de nickel et de carbone. Ce matériau doit être prétraité (lire: surtout être poncé grossièrement) avant de pouvoir y appliquer du mastic.
(6) Qu'est-ce qu'un polymère?
Une matière dont les molécules qui formaient initialement un liquide se sont liées de telle sorte qu'elles ont créé une matière plus ou moins solide. La plupart des matières plastiques sont des polymères.
(7) Qu'est-ce qu'un polymère MS?
Un polymère modifié au silane s’avère particulièrement approprié pour réaliser des joints d'étanchéité élastiques (joints de dilatation). En raison de l'humidité présente dans l’air, il assure une étanchéité parfaite. Les polymères MS résistent aux UV, peuvent être peints et présentent une grande capacité de dilatation. Ce type de ‘silicone’ est largement utilisé par les carreleurs en raison de ses propriétés spécifiques comme l'étanchéité, la haute élasticité, la résistance aux UV et aux intempéries, la possibilité de le peindre, l'adhérence parfaite sur de nombreux supports, la non-formation de bulles, son caractère approprié pour la pierre naturelle et son aspect inodore.
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