La pose de pierre naturelle sur une terrasse tourne mal
La pose d'une terrasse en pierre naturelle n'est pas une tâche "que l'on peut prendre à la légère". Elle exige une connaissance approfondie du métier et de nombreuses réglementations doivent être prises en compte.
Dans un autre article dans la section Connaissances professionnelles, nous abordons les types de terrasses et les 5 différentes méthodes d'installation des terrasses. Dans cet article, Polycaro revient sur l'expérience d'une terrasse en pierre naturelle mal installée et vous fournit une liste de contrôle pratique et complète des points à prendre en considération lors de l'installation d'une terrasse en pierre naturelle. Et comme c'est souvent le cas : les détails font une (grande) différence.
La situation en la raison
La terrasse en question a été construite à partir du terre-plein et parachevée avec des dalles de pierre bleue qui se raccordent aux murs extérieurs et aux seuils des fenêtres. Le sol d’un carport existant en blocs de béton a été conservé et jouxtait à la nouvelle terrasse. Le maître d’ouvrage n'était pas très satisfait du résultat final et a invité un spécialiste à venir examiner certaines anomalies visuelles.
Aucune fiche technique des carreaux livrés n'était disponible, car ce document n'a pas pu être obtenu par l'intermédiaire du carreleur de service.
La terrasse avait été posée de manière traditionnelle sur un lit de sable stabilisé qui, selon les informations du maître d’ouvrage, aurait apparemment été réalisé sur une dalle de béton existante.
Durant l’étude réalisée par l'expert, il est immédiatement apparu que beaucoup d'eau stagnait sur la terrasse (il avait plu le matin). Les décalages irréguliers et les pièces découpées perturbaient fortement l’esthétique à hauteur d’une baie vitrée (fenêtre coulissante). De plus, les carreaux avaient été posés selon un appareillage en quinconce et la finition des bords avait été bâclée.
L'étude pratique détaillée
Ces constatations globales ont été immédiatement suivies par une étude pratique plus détaillée, qui a permis à l'expert en carrelage de formuler quelques remarques importantes:
1. Après quelques contrôles de la pente, il s’avérait que celle-ci n'atteignait pas les 1,5% requis dans la plupart des endroits
Beaucoup d'eau stagnait en effet sur la terrasse, surtout à hauteur des façades. À titre de référence, l'expert s'est référé au dossier 23-3/2009 du CSTC ‘Rives de terrasses extérieures carrelées sur terre-plein 2009/03.11’: "Les pentes conseillées sont de l'ordre de 1,5% pour le revêtement carrelé. Et de 2% pour la dalle de béton qui lui sert de support, sauf lorsque celle-ci est constituée d'un béton caverneux drainant (ce qui est toujours à conseiller)."
2. Sur cette surface d’environ 100 m², on ne trouvait nulle part des joints de dilatation
Le CSTC-Contact 2013/2 stipule clairement au chapitre ‘Fissuration des revêtements de sol extérieurs en carreaux céramiques ou en pierre naturelle’: "Lorsque le revêtement et la chape de pose sont subdivisés par des joints de dilatation délimitant des panneaux de petites surfaces (généralement 15 à 16 m²), que la chape est suffisamment armée et qu'elle peut glisser sans trop de friction sur son support, ces tensions ne sont alors pas suffisamment élevées que pour occasionner une fissuration notable du revêtement."
Il faut également tenir compte d'un rapport longueur/largeur de 1/2 pour les sentiers étroits, par exemple, ainsi que des éventuelles contraintes (dans les angles) dues à l'absorption de chaleur (dilatation et retrait) de ce type de carreaux foncés (pierre bleue).
3. Les raccordements aux éléments fixes du bâtiment ont été jointoyés avec un mortier de jointoiement au ciment
Celui-ci aurait normalement dû être parachevé avec un joint de dilatation au silicone suffisamment large pour pouvoir absorber les mouvements hygrothermiques. Ceci valait tout autant pour le raccordement au sol en blocs de béton sur le côté du bâtiment (qui faisait office de support pour un carport), où un joint de reprise flexible faisait défaut.
4. Le décalage et le raccordement du sentier adjacent à la terrasse principale devaient être éliminés
Les carreaux entiers doivent se poursuivre afin de ne pas former un élément perturbant par rapport au raccordement à la terrasse.
5. La terrasse n'était pas équipée d'un système d’évacuation d’eau approprié
L'eau s'écoulait simplement dans la pelouse qui était trop basse. Une évacuation efficace de l'eau s’avère pourtant nécessaire pour assurer la durabilité d'un sol de terrasse.
6. Il n'y avait pas non plus de bordures antigel autour du carrelage
Il existait ainsi un risque qu'à moyen terme, les dalles de bordure et/ou les joints puissent geler, et entraînent une dégradation.
7. Le niveau général, tant des carreaux posés devant les blocs de béton que ceux de la pelouse à aménager, devait être adapté
8. Le treillis d’armature en matière synthétique présent n'était pas au bon endroit
La liaison (lisez: l’accrochage) avec la dalle de béton existante n'avait pas été réalisée et ne pouvait donc pas avoir un effet favorable sur les mouvements escomptés de la couche de mortier de chape supérieure ainsi que des carreaux en outre de couleur foncées et pouvant absorber beaucoup de chaleur durant l'été (coefficient de dilatation - m.mK/t°)!
9. Les joints de silicone – bien que présents – autour des couvercles de chambre de visite avaient été réalisés de manière peu soignée, tout comme la découpe de certaines pièces
10. Les plinthes présentaient une finition très grossière, ce qui est esthétiquement inacceptable. Elles devaient être réinstallées
Le résultat final
Des photos détaillées ont été fournies au jardinier-carreleur avec le rapport d'expertise. Le point de vue du propriétaire était techniquement clair, de telle sorte que les actions nécessaires ont été entreprises sans discussion.
La procédure de réparation a été achevée dans le mois qui a suivi l'expertise. Les garanties nécessaires ont donc été données par écrit, ce qui a permis le paiement rapide du solde restant dû. Bref, un exécutant content et un client satisfait...
Tout est bien qui finit bien!
Points d’attention lors de la pose d’une terrasse de jardin
- La température d'exécution doit idéalement se situer entre 5 et 25°C et doit être maintenue pendant minimum 24 heures après la pose.
- Examinez le type de sol/support. Lors de la préparation d'une terrasse en plein champ, il y aura par exemple une grande différence entre un sol argileux ou un sol sablonneux. On se basera normalement sur une hauteur de structure d'au moins 30 cm, en partant d'une base stable.
- Prévoyez toujours un treillis d’armature au centre de la chape, de préférence associé à des fibres synthétiques.
- Cette armature doit être inoxydable et présenter un maillage minimum de 50/50/2.
- Prévoyez une bordure antigel suffisamment large et profonde.
- Veillez à ce que le niveau et la pente soient corrects (minimum 1,5%).
- Après les travaux de terrassement, commencez par poser une couche d’empierrement perméable à l'eau de 10-15 cm d'épaisseur, puis une couche de béton maigre inclinée (2%) de même épaisseur, surmontée d’une chape armée de ±10 cm d'épaisseur avec du gros sable du Rhin.
- Utilisez 150 kg de ciment par m³ de gros sable de rivière pour la pose traditionnelle et 250 kg de ciment par m³ de gros sable du Rhin en cas d’application de la méthode collée.
- Compactez régulièrement les sous-couches et le mortier de chape par étapes. Ce sera très important pour la résistance finale à la compression de l'ensemble.
- Veillez à ce que les ouvertures de ventilation du parement restent intactes.
- Ne travaillez jamais au-dessus de la barrière anti-humidité!
- La surface de contact entre la face de pose du carreau et le support doit être optimale (aspirez à 100%!). En cas de pierres naturelles calibrées, on privilégiera la technique du double encollage (méthode dite buttering/floating).
- Achetez et vendez uniquement des carreaux provenant d'une source fiable. Le cas échéant, veillez à ce qu'ils soient suffisamment antidérapants. En Europe, on utilise généralement la norme allemande en la matière, qui est divisée en 5 catégories: R9, R10, R11, R12, R13. Un carreau arborant une valeur minimale ‘R10’ sera généralement un carreau qui offre une bonne résistance à la glissade. Tenez compte du fait que plus la valeur R est élevée, plus le carreau sera rigide, mais aussi plus la saleté se fixera de façon tenace à la surface du carreau. Pour la pierre naturelle, consultez toujours la fiche technique pour choisir la bonne finition pour la surface praticable!
- Choisissez toujours un carreau aux dimensions limitées (≤ 3600 cm²), qui soit évidemment conforme aux normes européennes en matière de résistance au gel et de sécurité.
- Il sera préférable de poser les carreaux ‘à joints continus’ (si aucun autre système n'est prévu), afin que les champs de tension soient répartis uniformément dans le carrelage.
- Dans la mesure du possible, divisez le carrelage en carrés avec de larges joints de dilatation en fonction des phénomènes de dilatation et de retrait escomptés (chocs hygrothermiques).
- Optez pour des joints de carrelage suffisamment larges (l'avis général est de minimum 5 mm) et ne jointoyez pas les carreaux trop tôt afin d'éviter toute efflorescence ultérieure (limitation de l’humidité résiduelle présente). Tenez ici compte des facteurs ambiants.
- Laissez en place l'isolation des bords contre tous les éléments fixes du bâtiment jusqu'à la fin des activités de jointoiement et intégrez aussi les systèmes de dilatation nécessaires.
- En cas de pose de carreaux grands formats ou de joints en quinconce, il sera préférable d'utiliser une natte de désolidarisation qui régule la vapeur ou drainante (en fonction de la méthode de pose choisie).
- Veillez à ce que l'eau de pluie puisse s'évacuer à temps et que le débit des évacuations soit suffisant.
Lire cet article gratuitement ?
Il suffit de créer un compte gratuitement.
-
Lire quelques Plus articles gratuits chaque mois
-
Choisissez vous-même les articles que vous souhaitez lire
-
Restez informé via notre newsletter