La terrasse de jardin: plutôt en pierre naturelle ou en céramique? Un aperçu complet
Sortes de terrasses
Les terrasses peuvent encore et toujours être subdivisées en trois catégories différentes:
1. Le balcon-terrasse
Le balcon-terrasse se situe à hauteur d’étage et est accessible depuis une ou plusieurs pièces du bâtiment. Cette structure dépasse de la façade et est sécurisée par un garde-corps (ajouré ou plein) ou par une balustrade ajourée (alignement de balustres ou petites colonnes lourdes, reposant sur un socle et couronnés par une tablette à hauteur d’appui faisant office de garde-corps). Il existe des balcons de type continu et de type individuel. Le type continu s’étend sur toute la longueur de la façade et peut être partagé par plusieurs appartements, et peut être soit fermé sur les côtés, soit ouvert. Le type individuel s’étend quant à lui sur la largeur d’une baie ou d’une pièce. Le balcon-terrasse peut se situer tant à l’avant qu’à l’arrière de la maison.
2. La terrasse de toit
La terrasse de toit se situe généralement au-dessus d’un espace de vie sous-jacent, et peut s’utiliser tant de manière fonctionnelle comme toit plat que comme zone de détente créative. Cette structure peut être accessible via une ou plusieurs pièces du bâtiment. Vu qu’un tel sol se situera généralement au-dessus d’une pièce chauffée, celle-ci sera soumise à des fluctuations de température. Il sera par conséquent préférable que l’isolation du bouclier du toit se trouve le plus près possible de la couche de carreaux de sol afin d’exclure la formation de condensation ainsi que d’éventuels ponts thermiques. Les variations de température (formation de rosée) forment ici un point important, dont l’architecte devra assurément tenir compte dans son concept.
Un bon drainage sera tout aussi crucial pour une longue durée de vie de ce type de terrasse. Mais il doit aussi empêcher d’éventuelles infiltrations d’eau dans les couches étanches à l’eau sous-jacentes. Pour les toitures-terrasses, la couverture sera généralement constituée d’un roofing incliné ou d’une membrane EPDM (barrière d’étanchéité) relevée. Des charges bien diffuses constituent donc le mot d’ordre pour éviter d’endommager ces couches protectrices. Ce type de terrasse sera généralement réalisé sur plots, ce qui nécessitera une hauteur fonctionnelle intermédiaire d'au moins 3 à 5 cm.
3. La terrasse de jardin
La terrasse de jardin sera aménagée à partir d'une fouille creusée à la profondeur requise. Différentes méthodes de pose sont ici possibles. Ce type de terrasse jouxtera généralement le bâtiment, même s’il pourra aussi être aménagé au centre du jardin, en étant directement relié ou non par un sentier. C’est pourquoi ce type de terrasse sera aussi parfois appelé ‘terrasse en plein champ’.
Dans ce reportage, nous mettrons l’accent sur la structure et le parachèvement d’une terrasse de jardin reliée au bâtiment, en commençant par retirer la terre jusqu’à la profondeur nécessaire.
La composition du sol varie d’une région à l’autre. Le sol sera ainsi sablonneux à la côte, plutôt argileux dans la région des polders, terreux et rocheux en Ardenne, etc. Cela pourra influencer la stabilité finale, ainsi que la profondeur des travaux de terrassement et les épaisseurs des couches de la structure. Les arbres proches pourront aussi inciter à creuser plus en profondeur le sol sur lequel devra être réalisée la terrasse et il s’avèrera parfois nécessaire de faire appel à une grue ou un bulldozer adapté. Il faudra tout autant prêter attention aux racines adjacentes pouvant absorber l’eau de sous la terrasse, ce qui pourrait à terme entraîner des affaissements indésirables.
Le choix des dalles ou carreaux
Il convient tout d’abord de faire une distinction entre les dalles de pierre naturelle et les carreaux en céramique. Les deux devront avant tout être résistants au gel. Vous retrouverez facilement cette information dans la fiche technique reprenant toutes les caractéristiques du produit choisi.
Pour revêtir les terrasses de jardin ou terrasses ensoleillées pourront être utilisés des types de dalles de terrasse autoportantes ou non. Il pourra ici s’agir tant de dalles en pierre naturelle non-poreuse liées au ciment que de carreaux céramiques compacts. Ces derniers devront présenter un coefficient d’absorption d’eau < 0,5% (groupe BIa conformément à la norme NBN EN 14411 – ISO 13006). Les carreaux céramiques de la génération actuelle sont compactés de façon extrêmement dense et/ou comprimés avec des valeurs WA pouvant même être inférieures à 0,03%!
Ce qui aura évidemment des conséquences sur le choix de la technique de pose. L'épaisseur recommandée pour les carrelages extérieurs en matériaux céramiques est de 20 mm. Pour les dalles de béton et de pierre naturelle est recommandée une épaisseur minimale moyenne de 30 à 60 mm. Il sera également préférable de limiter les dimensions des dalles de terrasse à 3.600 cm² avec une pose à joints droits, à moins d'utiliser un système de désolidarisation drainant approprié sur les conseils du fabricant concerné.
Les dalles de terrasse arboreront de préférence une couleur relativement claire (pour limiter l’absorption de chaleur) et des dimensions adaptées pour limiter les dilatations thermiques et ainsi empêcher la formation de fissures et cassures dans le dallage. Elles doivent également être conformes à la norme EN 10545-12 (cycles gel-dégel) et posséder une résistance à la glissance minimale, de préférence R10 ou R11. La structure supérieure aura cependant un impact sur l’entretien global. Plus la couche supérieure de la dalle ou du carreau sera rugueuse, plus il faudra nettoyer ceux-ci de façon vigoureuse.
La structure
Le fait qu’une belle terrasse jouxtant ou cernant la maison peut faire une grande différence au niveau esthétique ne souffre aucune discussion. On dégagera régulièrement des budgets parfois colossaux pour mettre en évidence la valeur ajoutée de la maison. Mais pour de nombreuses terrasses hélas, la vie sera de courte durée et des dégradations feront régulièrement leur apparition. Leur cause? Une mauvaise préparation, un carrelage inapproprié, une méthode de pose erronée, une finition douteuse, une pente insuffisante, l’absence de joints de dilatation, etc.
Pour réaliser une terrasse, le choix du carrelage, la méthode de pose et l’évacuation de l’eau feront partie des principaux facteurs auxquels il conviendra d’accorder toute son attention.
Mais l’eau de pluie tentera toutefois souvent de se frayer un chemin entre deux dalles ou carreaux via les joints poreux, jusqu’à l’endroit où prendra fin la capillarité des couches sous-jacentes.
L’accumulation d’humidité entraînera inévitablement en hiver des tensions de dilatation et des poussées, surtout par temps de gel, ainsi que des tensions dues à la pression de la vapeur d’eau en été sous l’échauffement par le soleil. Il nous faut également encore tenir compte des phénomènes de retrait et dilatation de toutes les différentes couches structurelles qui pourront se manifester rien qu’en raison des différences de température (jour/nuit). Il faudra donc toujours tenir compte d’éventuels chocs hygrothermiques.
En cas de non-respect des règles, le risque de dommages sera bien réel. L'épaisseur totale de la fondation devra être d'au moins 40 cm. Sur les bords de la terrasse, il faudra également prévoir une bordure antigel d’une largeur de bêche pouvant aller jusqu'à 60 cm de profondeur dans certains cas. La pente sera théoriquement de 1,5 cm par mètre ou 1,5% d'inclinaison. Les couches sous-jacentes ou, en cas de dalle de béton prévue, devront présenter une pente de 2% vers les abords. L'eau de pluie devra être collectée dans une gouttière afin d'être détournée vers le système d'égouttage. La pose d'un drain supplémentaire autour de la terrasse réduira également le risque de gel des rangées de dalles adjacentes.
En outre, le niveau supérieur du sol de terrasse ne pourra surtout pas être plus élevé que la membrane DPC (Damp Proof Course), ni que les joints verticaux ouverts dans la façade de la maison adjacente. Prévoyez toujours des bordures. Celles-ci enserreront en effet l’ensemble de manière esthétique. En raison de la présence inévitable de tensions hygrothermiques élevées, le sol devra pouvoir se dilater. Des joints périphériques suffisamment larges (généralement 10 mm) seront donc nécessaires, de même que des joints de mouvement, de préférence tous les 16 m² et 5 mc.
Les méthodes de pose
5 techniques de pose peuvent essentiellement être appliquées pour réaliser un revêtement de terrasse extérieur à usage récréatif:
1. La pose à sec 'non-adhérente'
La pose à sec ‘non-adhérente’ sur kift, gravier ou split, peu fréquente chez nous. On voit aussi le split ou gravier concassé faire régulièrement son apparition dans les travaux de pavage, par exemple pour poser des pavés en porphyre ou kandla. Ces pierres devront être suffisamment épaisses, de forme régulière et bénéficier d’une fixation supplémentaire au moyen d’un mortier de jointoiement adapté résistant à la compression.
2. La méthode 'mouillé-mouillé'
La méthode ‘mouillé-mouillé’, pour laquelle on enduit sur le mortier de chape un lit de mortier dans lequel les carreaux seront directement enfoncés par tapotement ou vibrage à la machine. Cette méthode est cependant hautement à déconseiller pour la pose de carreaux céramiques à pressage extrême ou de pierre naturelle sensible au tachage parce que, dans certains cas, jusqu’à 12 litres d’eau par m² en provenance des couches fraîches sous-jacentes devront s’évaporer via les ouvertures des joints, avec toutes les conséquences que cela pourra avoir (agressions réactives, décolorations visibles de la pierre et des joints, etc.). Quoi qu’il en soit, il sera fortement recommandé pour ces méthodes de pose d’entamer les activités de jointoiement seulement après le séchage complet de la chape et de la barbotine au ciment.
Le tableau représente la quantité d’humidité résiduelle possible pour les différentes méthodes de pose.
CONSEIL
Pour poser des dalles de pierre naturelle sur plots existe une formule du CSTC permettant de calculer les épaisseurs minimum requises:
Calcul suivant la norme NBN EN 1341
t =
P = charge en kN
L = longueur de la dalle en mm
FS = facteur de sécurité
W = largeur de la dalle en mm
Rf = résistance à la flexion minimale de la dalle en N/mm²
3. Les poses ‘flottantes’ sur plots ou systèmes similaires
Avec cette configuration, les dégâts dus au gel seront quasiment exclus. Les carreaux doivent cependant toujours être conformes aux normes exigées (cycles gel-dégel) et être suffisamment épais en fonction de leur nature et composition (résistance à la compression, charge ponctuelle, résistance à la rupture). Suivez dans ce cas les instructions du fabricant ou du CSTC.
4. La technique au mortier pour les dalles de béton ou dalles de pierre naturelle non-calibrées
La technique au mortier pour les dalles de béton ou dalles de pierre naturelle non-calibrées, pour lesquelles il sera préférable d’utiliser du ciment blanc ou de trass afin d’éviter les ressuages. Ici, la ‘technique d’enduction’ constituera une bonne méthode de pose pour limiter l’épaisseur de mortier, et par conséquent le taux d’humidité résiduelle. Les dalles seront enfoncées dans un lit de mortier directement sur un lit de sable stabilisé et armé. Plus le grain de sable pour lequel vous opterez sera gros, moins il faudra de ciment et donc d'eau pour obtenir la résistance à la compression nécessaire de l'ensemble après durcissement. Il sera ici très important que le ‘stabilisé’ soit mélangé de manière homogène et correctement damé (progressivement de préférence).
5. Le double encollage sur chape armée durcie
Le double encollage sur chape armée durcie, surtout pour les dalles de pierre naturelle calibrées et les carrelages céramiques. L’armature dans le mortier de chape sera généralement constituée d’un treillis inoxydable de 50 mm x 50 mm x 2 mm, associé ou non à des fibres de verre. En utilisant une colle à carrelage adaptée* sur une chape durcie, vous limiterez, par rapport aux autres méthodes de pose, l’humidité résiduelle au strict minimum, et donc également les tensions dues au retrait. Vous maîtriserez ainsi les temps de pose des dalles ou carreaux et pourrez rejointoyer plus rapidement le dallage ou carrelage séché. Il sera toujours conseillé de mesurer l’humidité résiduelle (max. 2% pour les carreaux céramiques et les sols en pierre naturelle non-sensibles) avant d’entamer les activités de jointoiement. Vous pourrez éventuellement aussi recourir à des nattes drainantes désolidarisantes pour réduire le risque de dégâts au minimum à long terme. L'utilisation de nattes régulant l'humidité n'est cependant ni obligatoire ni normalisée, mais bel et bien à recommander en cas de présence d’humidité résiduelle trop importante dans la chape. Le respect strict des instructions du fabricant va de soi.
* Pour la technique de l’encollage, on utilisera de préférence une colle à carrelage de type C2 S1 ou C2 S2, conformément à la norme européenne EN 12004/12002 (norme de classification des colles à carrelage avec norme d'essai intégrée concernant la flexibilité de l’adhésif durci).
Pour obtenir une surface de contact optimale entre la colle et la face de pose du carreau, le double collage avec stries de colle parallèles et droites constituera la meilleure technique. Un transfert de 80% est le minimum requis, même si BITA recommande pour les revêtements de sol extérieurs un résultat maximum d'au moins 90%! Le principe veut que moins il y aura d'inclusions d'air et donc plus les carreaux seront collés en plein, moins il y aura de risques de tensions dues à la pression de vapeur sous les carreaux. Aspirer à une surface de contact à 100% se traduira par une terrasse d’une durée de vie nettement plus longue.
Entretien des terrasses
La sensibilité aux tachage des dalles de terrasse en pierre naturelle est une propriété qui concerne les qualités esthétiques et qui s’avère par conséquent très difficile à définir en critères objectifs. Cela signifie que la limite entre ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas ne peut être définie sans ambiguïté.
Les formations de taches peuvent être subdivisés en trois types de taches différents:
- Taches de type I: taches résultant de l'oxydation des minéraux ferreux présents dans la pierre elle-même.
- Type de taches II: taches résultant de la réaction de matières organiques (dans la pierre) et d'alcalis provenant du ciment utilisé pour la pose.
- Taches externes: taches résultant d'une réaction avec des substances qui apparaissent au mauvais moment et au mauvais endroit.
Certains producteurs spécialisés peuvent éliminer les taches de certains types de pierres naturelles sans trop de problèmes, en fonction du degré de souillure et du temps de pénétration.
Dans un environnement auréolé de verdure surtout, certaines dalles auront tendance à se souiller avec le temps. Mais sous les dalles sur plots également, le risque de souillures et de présence de vermine sera également bien réel à terme. Les dalles pourront dans ce cas être retirées puis replacées très facilement pour contrôler l’espace sous-jacent, pour procéder à l’entretien ou à des réparations là où cela s’avère nécessaire, éventuellement pour procéder à des débouchages et/ou à des travaux de nettoyage.
Vous pourrez facilement vous procurer des produits d’entretien appropriés dans les commerces spécialisés. Un entretien régulier sera en effet la base pour une terrasse ensoleillée agréable dont vous pourrez profiter très longtemps! Il ne reste plus qu’à attendre que reviennent la chaleur du soleil d’été.
CONSEIL
- N'oubliez pas les conduits pour l’éclairage éventuel, l’alimentation en eau du robinet, etc.
- Ne placez jamais une barrière d’étanchéité sous votre chape (une chape de 5 cm d'épaisseur absorbe ±12 litres d'eau par m²), afin que sa fonction drainante reste optimale.
- Vous pourrez ‘améliorer’ le mortier de pose en ajoutant les additifs appropriés.
- Ne mélangez pas de colle liquide au mortier de pose, sauf s’ils sont compatibles (il sera ici requis de consulter le fabricant!).
- La stabilité dimensionnelle de la dalle ou du carreau déterminera généralement la largeur du joint. Celle-ci devra être au moins deux fois supérieure à l'écart entre des carreaux posés bord à bord, mais devra se situer de préférence entre 5 et 10 mm.
- N'entretenez jamais les carreaux céramiques avec des savons gras. Cela créera un film trouble qui restera sur les carreaux et attirera la saleté.
Pour plus d'informations, veuillez consulter la nouvelle NIT n°276 du CSTC "Guide de bonne pratique pour l’exécution des terrasses et entrées de garage sur terre-plein".
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